1929-2009 : Récession(s) ? Rupture(s) ? Dépression(s) ?

la finance pour tous

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Ce cahier du cercle des économistes nourri de différentes contributions, a pour ambition de fournir une grille de lecture de la crise actuelle en la mettant en perspective avec la crise de 1929.

Quelques idées forces s’en dégagent :

  • La crise financière de 2007-2008 a peut être été aussi grave que celle de 1929, mais elle n’a pas tourné à la grande dépression, parce que, justement, les leçons de la crise de 1929 ont été tirées. D’autres politiques que celles de l’époque sont mises en œuvre : Politiques monétaires et budgétaires timides dans les années 1930

  • Très expansionnistes aujourd’hui ; Violente hausse des droits de douanes et protectionnisme dans les années 1930, conduisant à l’effondrement du commerce mondial – Pas de hausse des droits de douanes et meilleure coordination des politiques à l’échelle international aujourd’hui.

  • Est-ce à dire que la crise n’est pas une « grande crise » et qu’elle n’appelle pas une nouvelle « grande transformation » ? Que le pire étant passé, il s’agit maintenant simplement d’organiser le reflux des soutiens publics monétaires et budgétaires ? Les diagnostics des intervenants convergent dans l’ensemble pour ne pas sous estimer la profondeur des changements nécessaires, mais les options des uns et des autres peuvent être très différentes.

Ainsi, par exemple, Christian Stoffaes, professeur associé à l’Université Paris Dauphine, prône ainsi une nouvelle loi « antitrust bancaire globale », qui prohibe la confusion des métiers bancaires et rétablissent une barrière entre les acteurs réglementés et les acteurs non réglementés- en clair entre les banques commerciales et les banques d’investissements .C’est à dire l’équivalent du « Glass Steagall Act » qui en 1933 avait établi cette séparation aux USA. Dans le contexte actuel de la globalisation financière devra être « universel » et « homogène ». L’objectif est que « les banques se comportent comme des banques » alors que les professionnels de la finance sont pour leur part « initiés à la prise de risque ». Christian Stoffaes veut s’inscrire dans une perspective délibérément libérale. Il réclame cette loi parce qu’il ne croit pas à une régulation et à un contrôle qui s’appliquerait à tous les acteurs et à tous les marchés…et parce qu’il n’en veut pas. Ce serait selon lui « sous prétexte d’apporter une solution à une crise qui se manifeste tous les 50 ans, affaiblir le dynamisme et la créativité des marchés financiers, vecteur majeur de la globalisation et la prospérité de la planète »

Pour Jacques Mistral, Directeur des études économiques de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) même si l’on a échappé à la dépression, la crise actuelle menace de durer. L’économiste considère en effet que les analyses de Keynes concernant l’équilibre durable de sous emploi s’appliquent à la période actuelle. Celle-ci connaît un choc majeur pesant sur la demande avec des risques de recul de la demande des ménages du fait de la montée du chômage et des risques de découragement durable des investissements des entreprises. On a donc des symptômes de « grande crise ». Le défi, selon Jacques Mistral est en quelque sorte de sauter directement de 1929-30 à 1945 en évitant les drames incommensurables de cette période. La question est alors « quel peut être l’équivalent contemporain de la révolution introduite en son temps par le régime de croissance de l’après-guerre ? ». Une chose est certaine. Il ne s’agit pas de rejouer la partie précédente. Mais quel peut être le nouveau moteur capable d’enclencher un dynamisme d’investissement, de consommation, de gain de productivité, de distribution de pouvoir d’achat et de cohésion sociale pour l’avenir ? L’économiste laisse ici le lecteur un peu en plan. « Personne ne connaît la réponse explique-t-il, mais le meilleur candidat aujourd’hui, c’est peut être ce que l’on appelle le « capitalisme vert ».

Bertrand Jacquillat Cahier du cercle des économistes 2009

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