Après le succès mondial de son précédent ouvrage, « Le capital au XXIème siècle », Thomas Piketty, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d’économie de Paris, publie « Capital et idéologie ». Dans ce pavé de 1 200 pages, l’auteur développe une analyse idéologique, sociale, économique et politique des inégalités.
Thomas Piketty : un auteur de référence sur les inégalités
Thomas Piketty et ses collègues du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l’École d’économie de Paris et à l’université de Berkeley sont devenus des auteurs de référence au niveau mondial sur la question des inégalités.
A ce titre, ce nouvel ouvrage, « Capital et idéologie », se situe dans la continuité d’un travail encyclopédique sur l’analyse des inégalités. L’auteur voyage dans le temps et l’espace, des sociétés ternaires (clergé, noblesse, tiers-état) à l’abolition de l’esclavage au XIXème siècle, de l’évolution des inégalités en Inde à l’effondrement de l’URSS, de la décolonisation à la France du début du XXIème siècle…
Ainsi, la dynamique des inégalités est étudiée dans ses moindres détails et, dans une langue facile à lire, le lecteur peut acquérir dans un seul livre une masse colossale d’informations et parfois d’anecdotes ou de références culturelles illustrant le sujet.
La dernière partie du livre diffère du reste de l’ouvrage puisque l’auteur y apporte des pistes de réflexion pour combattre les inégalités qui, depuis une trentaine d’années, sont en hausse dans toutes les régions du monde (fortement aux États-Unis et dans les pays en développement, dans une moindre mesure en Europe).
Il serait illusoire de prétendre présenter en quelques phrases toutes les solutions suggérées par Thomas Piketty. Parmi les principales, l’auteur propose de s’inspirer de la co-gestion allemande pour partager le pouvoir entre les salariés et les actionnaires, de taxer de façon progressive les émissions de carbone, ou d’augmenter drastiquement la taxation des hauts revenus et des grands patrimoines de façon à faire circuler les richesses dans la société.
Nul doute que ces idées paraîtront radicales à certains. Cependant, l’auteur rappelle que, dans les années 1950, le taux supérieur de l’impôt sur le revenu était de 90 % aux États-Unis (contre moins de 40 % aujourd’hui), et qu’à l’époque, la croissance économique était deux fois plus rapide.
Un livre complet, trop complet ?
Si « Capital et idéologie » est un livre à conseiller à quiconque s’intéresse aux inégalités, il nous a moins séduit que « Le capital au XXIème siècle », dont il se veut le prolongement.
En effet, après avoir lu « Le capital au XXIème siècle », nous connaissons déjà un grand nombre des statistiques, évolutions historiques et argumentations de l’auteur, et certains développements nous semblent redondants.
« Le capital au XXIème siècle », fruit d’un travail novateur sur les inégalités, présentait une fraicheur que n’a pas « Capital et idéologie ». Au lecteur qui découvrirait l’œuvre de Thomas Piketty, nous conseillerions donc le premier livre plutôt que le second.
Contrairement au « Capital au XXIème siècle » qui se centrait sur une analyse économique, « Capital et idéologie » traite tout autant d’histoire, de sociologie, de psychologie ou de science politique. Cette exhaustivité peut être une force, mais elle est aussi une faiblesse. En effet, à vouloir être trop exhaustif, l’auteur en arrive à noyer le lecteur qui se retrouve parfois perdu au milieu d’une masse d’informations, souvent redondantes. Le livre aurait peut-être gagné en efficacité en étant plus court et resserré autour de quelques idées centrales.
Capital et idéologie de Thomas Piketty
Edition Seuil – Les Livres du nouveau monde
Date de parution 12/09/2019
25.00 € TTC
1232 pages