En juillet 2009, le journal Les Echos avait interrogé 120 personnalités du monde économique et politique sur leurs livres de référence pour traverser la crise. Les réponses avaient largement dépassé le champ des auteurs économiques. Et parmi les romans, César Birotteau avait été l’un des plus cités. A juste titre.
« L’histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, marchand parfumeur, adjoint au maire du deuxième arrondissement de Paris, chevalier de la légion d’honneur etc. » publié en décembre 1837, n’est peut être pas aussi connu que Le Colonel Chabert, Le père Goriot, Eugénie Grandet ou les illusions perdues. Mais il s’agit d’une pièce maitresse de la Comédie humaine, « histoire privée » de la France de la première moitié du 19ème siècle, dans laquelle Balzac « saisit corps à corps la société moderne ».
Le récit s’ouvre en décembre 1819. A 40 ans, César Birotteau parfumeur de la rue Saint Honoré à Paris, proche de la retraite, est au fait de sa gloire. Royaliste, adjoint au maire du deuxième arrondissement, il va être fait chevalier de la légion d’honneur. C’est le Bourgeois Gentilhomme, transposé un siècle et demi plus tard, sous la restauration. Grisé par le succès et l’honneur, le voici saisi par la démesure. Non seulement il plonge dans une spéculation immobilière véreuse, mais il dépense sans compter pour un bal somptuaire. Sa chute est proche. Etranglé financièrement, il fait en vain le tour des banquiers de Paris et fait faillite. Mais le commerçant César Birotteau est l’idéal type de la probité en devient le martyr. Il s’acharne à rembourser tous ses créanciers et meurt d’épuisement le jour même de sa réhabilitation. Nous sommes en 1823. Le réalisme est magistral. Ce n’est pas seulement que Balzac emprunte à la réalité pour dresser la galerie des banquiers qui enfoncent Birotteau (Nucingen « est » James de Rothschild, comme Du Tillet « est » Emile de Girardeau ou Keller « est » Lafitte). C’est aussi que sont exacts les revenus du parfumeur ou ceux de son oncle chaudronnier, les prix de revient et les prix de vente de ses huiles, les montants de frais de justice, les montages de la spéculation immobilière, le bilan de la faillite et celui de la réhabilitation. Comme est vrai le prospectus commercial de son huile céphalique. Bref César Birotteau est une mine pour qui veut mettre l’argent, la banque, le commerce et le marketing sous les regards croisés de la littérature, de l’histoire et de l’économie.
Honoré de BalzacFolio Classique448 pages 7,30€
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