Comprendre les marchés financiers

la finance pour tous

Comprendre les marches financiers Les marchés financiers ont acquis en quelques décennies un rôle et un pouvoir considérables. « Ils ont fait », dit-on, la forte croissance mondiale des années 2000 et la crise ouverte en 2007. Et depuis quelques mois « ils font » les politiques budgétaires des Etats et les politiques monétaires des banques centrales.

Tout cela parait bien obscur. Comment des marchés qui sont des lieux d’échanges et de formation des prix peuvent-ils être si puissants ? Quels sont les produits échangés ? Quels sont les rouages, quels sont les acteurs, les meneurs du jeu ? Et quel doit être l’objectif face à la crise actuelle ? Faut-il restreindre leur rôle et leur pouvoir ?

Deux récents numéros d’une part des Cahiers français (revue bimestrielle de la Documentation française), d’autre part de la revue Banque apportent chacun des matériaux utiles pour mieux comprendre de quoi il s’agit.

Les cahiers français font appel principalement à des enseignants et des chercheurs. Trois parties structurent le numéro. D’abord le lien entre finance et économie réelle. De très bonnes synthèses, assez faciles d’accès, portent notamment sur le rôle des marchés financiers, sur le débat concernant leur efficience ou au contraire leur instabilité congénitale, sur les crises financières ou sur l’histoire des marchés financiers français.

Dans la deuxième partie qui traite des produits et des acteurs le lecteur trouvera des explications sur les innovations financières des dernières décennies (Concurrence des bourses, produits dérivés, titrisation, « trading de haute fréquence ») et sur quelques acteurs majeurs (fonds d’investissement, agenced de notation).

La troisième partie enfin traite de l’enjeu de la régulation. Pour les contributeurs de la publication, il ne s’agit pas de remettre en cause la globalisation financière, mais de mettre en œuvre les moyens de la réguler efficacement. Le lecteur pourra faire un tour d’horizon des principales questions: la gestion du risque systémique, l’organisation et la gouvernance des autorités de régulation, le rôle des banques centrales, la régulation des trous noirs de la finance (paradis fiscaux, fonds spéculatifs…) et celle des agences de notation, la taxation des activités financières.

Au terme de sa lecture, il continuera, sans doute de se demander si ce qui est entrepris est suffisant pour réaliser l’objectif d’une régulation efficace. Mais il aura certainement plus de moyens pour se faire son opinion.

Le numéro hors-série de la revue Banque a été réalisé sous la responsabilité de l’AMAFI (Association professionnelle rassemblant les entreprises prestataires de services d’investissement et infrastructures de marchés établies en France).

Comme l’explique Philippe Tibi, son président, l’AMAFI a voulu contribuer, au travers de cette publication, au débat d’idées sur la nature des marchés financiers. Son objectif est que la régulation assure « un cadre propice au développement de la place financière française et à ses acteurs ainsi qu’à la protection légitime des investisseurs, des émetteurs et des acteurs industriels désireux de couvrir leurs risques ». La publication fait appel à des contributions de professionnels et de chercheurs. Le tour d’horizon est moins systématique que celui réalisé par les Cahiers français. Des questions similaires sont traitées comme celle de l’efficience des marchés. Mais d’autres aussi, comme celle du rôle des marchés dans les pays émergents ou celle de l’éthique.

  • Les marchés financiers sont-ils devenus fous en condamnant brutalement des Etats comme la Grèce, en réclamant l’austérité pour combattre les dérives des dettes publiques, tout en s’inquiétant de ses conséquences négatives sur l’activité… et sur les déficits ? Pas du tout argumente Laurent Berrebi, Directeur des études économiques à Groupama AM. Ils mettent le doigt sur la plaie et « réagissent rationnellement, sanctionnant l’incomplétude de la gouvernance européenne ». Ils constituent donc selon lui « un aiguillon indispensable pour amener l’Europe à plus d’efficience économique ».

  • Compte tenu de son importance économique et sociale et de ses risques, la finance a besoin d’une réflexion sur ses finalités et donc en définitive d’ordre éthique et moral juge Pierre de Lauzun, Délégué général de l’AMAFI qui contribue, ainsi que l’économiste Bruno Biais, à un débat peu souvent abordé. En la matière, selon Pierre de Lauzun, « il s’agit de recourir à une autorégulation par l’adoption de normes professionnelles ou de codes de déontologie ». Selon Bruno Biais, le retour de la vertu – c’est à dire « le refus de sacrifier le bien commun à l’enrichissement personnel »- doit s’inscrire dans la mise en place de nouvelles institutions: « des marchés où prévaut la transparence, des modes de rémunérations qui incitent à la responsabilité, une éducation qui prône la vertu, sont autant d’institutions qui favorise la confiance. Le refuser c’est contribuer à discréditer la parole et préparer une nouvelle crise ».

0 commentaire

Commenter