D’autres vies que la mienne

la finance pour tous

emmanuel carrere d autres vies que la mienne jpg Titre : D’autres vies que la mienne

A lire par : Lycéens, étudiants et adultes

Les commentaires de lafinancepourtous

A première vue, pas grand chose en commun entre les héros du dernier récit d’Emmanuel Carrère (les parents éplorés d’une petite fille victime du Tsunami et deux juges boîteux et idéalistes) et les finances personnelles. Et pourtant…

Bien sûr, ce livre est à recommander, avant tout, aux jeunes que tente la carrière judiciaire et qui hésitent à l’embrasser de crainte de ne pas y trouver suffisamment d’humanité. Ils ressortiront de la lecture de ce livre avec la certitude qu’il y a parmi les juges, y compris les plus doués et habiles de leur génération, des hommes et des femmes audacieux, imaginatifs et soucieux de protéger les plus démunis. Emmanuel Carrère ne tombe jamais dans la caricature, nous faisant aimer ces Robin des bois modernes mais gardant une certaine distance par rapport à leur combat contre…. la rédaction de certaines clauses de contrats de crédit « revolving » qui poussent au surendettement. Et c’est bien la raison pour laquelle la lecture de ce livre est indispensable aussi à ceux qui s’intéressent aux finances personnelles et souhaitent aborder ces sujets au détour, pourquoi pas, de la littérature.

Entre la page 161 et la page 188, vous trouverez une explication limpide de ce qu’est le crédit revolving, de la spirale qui fait basculer des familles raisonnables dans la catégorie des surendettés « passifs », la description fidèle d’une audience d’une commission de surendettement et les enjeux d’un combat – déjà ancien – pour faire respecter la taille minimale des caractères dans lesquels les clauses essentielles doivent être rédigées.

Puis entre la page 224 et la page 243, Emmanuel Carrère décortique avec brio le combat mené par les deux juges pour faire reconnaître par la Cour de Justice des Communautés Européennes le caractère abusif de certaines interprétations des plus hautes juridictions françaises souhaitant traiter à égalité les banques et les consommateurs… Au-delà de l’aspect technique très pointu mais parfaitement expliqué par l’auteur – qui a sans doute trouvé l’inspiration dans les cours de droit suivis dans sa jeunesse notamment à Sciences Po – c’est l’importance du droit de la consommation qui est ici mise en avant.

Petit aparté pour citer une formule fort opportunément rappelée par l’auteur en page 228 selon laquelle « le Code pénal est ce qui empêche les pauvres de voler les riches et le Code civil ce qui permet aux riches de voler les pauvres ».

Lecture idéale donc pour tous ceux qui apprécient le droit et la matière financière et qui estiment que l’un comme l’autre n’ont d’autre fin que de permettre aux hommes de co-habiter aussi harmonieusement que possible.

Au cinéma

Le livre d’Emmanuel Carrère a été adapté au cinéma dans le film « Toutes nos envies » par Philippe Lioret . Émouvant, le film n’a pas la même vertu pédagogique que le roman sur les questions d’argent et de surendettement. On n’y retrouve pas, en particulier, la magistrale explication de la jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes (voir plus haut).

 

Pour bien mesurer le cercle vicieux et les ravages du surendettement, nous recommandons un autre film, sorti quelques mois après le précédent « Une vie meilleure » de Cédric Kahn.Le héros, formidablement incarné par Guillaume Canet, plein d’énergie et d’enthousiasme, souhaite monter son propre restaurant. A la question de son banquier sur son apport personnel, il se laisse aller à une fausse déclaration (nul apport personnel, à la place il multiplie les crédits à la consommation). Lorsqu’il lui manquera quelques dizaines de milliers d’euros pour mettre aux normes le restaurant qu’il vient d’acheter et de retaper, sa banque refusera de lui prêter le complément, et ce sera une fuite en avant inexorable qui le mènera à l’exil…  

 

0 commentaire

Commenter