André Orléan, Directeur de recherche au CNRS, développe depuis des années une analyse critique de la théorie dominante de l’efficience des marchés financiers et de leur autorégulation.
On lira donc avec intérêt ce petit livre clair et pédagogique dans lequel il livre son analyse de la crise et les leçons qu’il préconise d’en tirer.
Instabilité de la finance de marché
L’auteur met l’accent sur l’instabilité propre aux marchés des actifs et du crédit. Il est dans la nature ce ceux-ci de produire des évolutions excessives des prix, la myopie des investisseurs, l’euphorie, « l’aveuglement au désastre » qui conduit à sa venue et à la panique.
« Ce diagnostic, avertit André Orléan reste controversé ». Certes, le désarroi parmi les partisans et les théoriciens du libéralisme financier a été considérable. Illustration en est donnée au début de l’ouvrage par la remarquable déclaration en octobre 2008 d’Alan Greenspan, président de la Banque Centrale des Etats-Unis de 1987 à 2006 « Quelque chose qui semblait un édifice très solide, et même un pilier fondamental de la concurrence et des marchés libres, s’est écroulé. Et j’en ai été choqué […] J’ai découvert une erreur dans le modèle dont je pensais qu’il expliquait la structure fondamentale du fonctionnement du monde tel qu’il est ».
Mais l’hypothèse de l’instabilité de la finance de marché n’est pas forcément devenue dominante. « Pour de nombreux analystes, constate André Orléan, la crise trouve sa source dans l’opacité des produits structurés ». « Certes souligne-t-il, cette opacité a joué un rôle mais toutes les crises ont leurs innovations. L’aveuglement qui les accompagne ne vient pas tant de leur complexité intrinsèque que du fait que les acteurs financiers n’ont aucune incitation à aller y regarder de plus près. On peut réglementer les innovations, accroître la transparence, cela ne changera rien car c’est le mécanisme concurrentiel qui incite les investisseurs à l’aveuglement ».
L’ouvrage peut être téléchargé gratuitement sur le site du CEPREMAP
André Orléan Editions Rue d’ULM – ParisMai 2009, 111 pages
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