Epargne et crédit, de mystérieuses relations

la finance pour tous
Jusqu’aux dernières années du XXème siècle, les économistes sont restés aveugles sur les relations qui pouvaient exister entre les comportements d’épargne des ménages et leur recours au crédit. Ces relations, de deux sortes, sont pourtant simples et importantes : en amont, l’intention de recourir au crédit permet aux ménages de moins épargner au titre de l’ « apport personnel » ; en aval, au contraire, l’engagement de remboursement lié à la souscription d’emprunts (habitat, consommation) contribue à gonfler leur épargne.

 Cette cécité a encore de graves conséquences. S’agissant de la prévision du taux d’épargne, aucun modèle ne peut être performant s’il n’intègre pas l’évolution à venir du crédit. En matière de comparaison de taux d’épargne (dans le temps, dans l’espace), aucun enseignement ne peut être tiré tant qu’on ne connait pas la composition précise des emplois de cette épargne : un taux d’épargne de 10 %, par exemple, a évidemment une toute autre signification s’il est employé pour moitié à des remboursements d’emprunts qui réduisent le passif ou s’il est uniquement consacré aux placements financiers et à la formation de capital (achats de logements, travaux) qui contribuent à accroître l’actif.

En France, dans les années 1980, la très forte baisse du taux d’épargne des ménages (de 20 à 8 %) a été attribuée, après coup, au rapide développement du crédit, en particulier à la consommation. En 2012-2013, les 200 milliards correspondant au flux nouveau d’épargne de nos compatriotes étaient approximativement consacrés pour 45  % aux placements financiers, pour 40 % aux remboursements d’emprunts et pour 15 % donc à la formation de capital.De telles estimations restent cependant fragiles en raison de l’absence de plusieurs informations pertinentes.

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