Les marchés financiers, les traders, la spéculation… et les crises qui en résultent de temps en temps sont au cœur du débat politique et économique. Il existe pourtant un type de trading bien particulier qui ne reçoit qu’une attention très limitée : le trading à haute fréquence, autrement dit le fait d’acheter et de vendre des titres extrêmement rapidement de façon à gagner certes de toutes petites sommes, mais multipliées un grand nombre de fois.
D’où le titre de l’ouvrage de Michael Lewis « Flash Boys », soit des traders qui opèrent à la vitesse d’un flash. Michael Lewis est bien connu pour ses livres et articles sur la finance, on lui doit notamment « The big short », traitant du déclenchement de la crise des subprimes. Il est sans conteste l’un des observateurs les plus avisés de la finance actuelle.
Dans « Flash Boys », c’est à un voyage dans le monde du trading à haute fréquence que nous convie l’auteur. On y croise des petits génies des maths et de l’informatique, souvent d’origine russe, des traders chevronnés, des entreprises de BTP creusant des tranchées à travers les Etats-Unis pour y faire passer de mystérieux câbles, des pratiques parfois douteuses, des rémunérations mirifiques… bref, un vrai roman, avec tout ce qu’il faut pour tenir le lecteur en haleine du début à la fin.
Et c’est peut-être un peu le défaut du livre. L’auteur y cultive beaucoup le sensationnel et les anecdotes croustillantes, mais le lecteur reste un peu sur sa faim en ce qui concerne l’analyse de fond. On aimerait en savoir plus sur les conséquences du trading à haute fréquence, en termes de stabilité financière, de croissance, du fonctionnement des marchés.
Un livre, en définitive, résolument grand public, une sorte d’initiation au monde obscur du trading à haute fréquence. Le plaisir de la lecture vaut largement les meilleurs romans, ce qui est en soi une qualité rare pour un livre traitant de finance.
De Michael Lewis
Editions Points
384 pages
Paru en 2016 (dans la version française)