La crise de 1929

la finance pour tous

La crise de 1929  1

Pierre-Cyrille Hautcoeur, spécialiste d’histoire monétaire et financière est directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et professeur à l’école d’économie de Paris.

Ce n’est pas l’ampleur de la crise financière qui a rendu cet événement aussi considérable et unique, mais la grande dépression mondiale qui s’est étendue sur près d’une décennie. Dès lors des questions se posent : la grande dépression est-elle d’abord la conséquence de la crise financière ou d’autres explications sont elles plus importantes ? La crise est elle une crise américaine qui se mondialise ou trouve-t-elle ses causes principales dans les déséquilibres de la mondialisation de cette époque. Ces questions – dont on conviendra qu’elles peuvent aussi être adressées à la crise actuelle- conduisent l’auteur à mêler histoire économique et analyse des explications et des débats.

Ainsi, avant d’en venir à la crise de 1929 proprement dite le 1er chapitre porte sur les conséquences de la guerre et le 2ème s’interroge sur « une crise structurelle du capitalisme ? » en se focalisant d’une part sur la crise agricole mondiale des années 1920 et d’autre part sur question des tendances structurelles à la surproduction, combattue puis amplifiée par le crédit, et ses explications par la sous-consommation ou le surinvestissement.

Puis viennent les chapitres qui analysent «  la crise américaine  » puis la « la crise de la 1ère mondialisation » (crise de l’étalon or très bien expliquée- crise des échanges internationaux- protectionnisme et nationalisme- lutte contre l’immigration et recherche de boucs émissaires) ; et enfin l’analyse des actions et des politiques pour « sortir de la crise ». L’auteur analyse notamment les inspirations théoriques de ces actions qui opposent le courant libéral qui prône l’absence d’intervention publique dans l’économie et la baisse des salaires et les courants multiples, « allant d’un libéralisme renouvelé au socialisme d’inspiration soviétique », qui prônent des formes diverses d’interventions publiques.

Au terme de ce parcours, l’historien ne dit pas comme Socrate et Jean Gabin « Maintenant je sais, je sais que je ne sais rien », mais il refuse néanmoins une explication de la dépression par une « cause fondamentale unique ». « Aucune n’a jusqu’à présent convaincu »justifie-t-il. Selon lui, comme tout évènement historique de grande ampleur, la crise de 1929 a de nombreuses causes qui s’entremêlent. Quant aux leçons à tirer pour faire face à la crise d’aujourd’hui, Pierre-Cyrille Hautcoeur rejette « la solution monétariste qui consiste à privilégier la politique monétaire et à tenter de mener celle-ci dans le cadre de règles les plus neutres et automatiques possibles ». « L’histoire suggère plutôt, affirme-t-il, qu’il n’y a pas d’autre voie que la poursuite d’un constructivisme social renouvelé, qui ne cherche pas à imiter les leçons du New Deal- le monde a changé- mais à repenser et construire une société nouvelle, sans doute à l’échelle internationale, plutôt que selon le nationalisme dominant de la grande.

Pierre- Cyrille Hautcoeur Collection Repères Ed. La découverte 2009

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