A lire par : public déjà sensibilisé à l’économie, notamment étudiant et enseignant
Quatrième de couverture
Ce cahier du cercle des économistes regroupe des contributions de Patrick Artus, Jacques Mistral, Christian Stoffaes, Olivier Pastré, Jean-Hervé Lorenzi (Président du cercle), Henri Elbaz, Michel Aglietta, Jean-Paul Betbèze, Bertrand Jacquillat, tous économistes universitaires et/ ou professionnels.
L’ouvrage vise à analyser les causes de la crise et proposer des pistes de réformes. Les auteurs expriment des points de vue divers. Chacun est solidement étayé et clairement exprimé. Ils convergent pour expliquer la crise principalement par les déficiences des politiques monétaires et celles de la réglementation bancaire. Ils insistent également sur les dangers liés aux transferts des risques de crédit vers d’autres intermédiaires financiers (dysfonctionnement des produits structurés). Les principales pistes de réformes préconisées concernent les normes comptables et les réglementations des banques et des fonds d’investissement.
Les commentaires de lafinancepourtous
Parmi les contributions :
Patrick Artus s’interroge sur la contagion. Pourquoi une crise locale a-t-elle dégénéré en une crise globale, concernant tous les actifs et tous les acteurs financiers ? Selon lui les différentes causes possibles (aversion pour le risque, causalités économiques, contraintes de bilans pesant sur les investisseurs engagés et endettés) ont sans doute joué ensemble. La leçon à retenir est la très grande corrélation des rendements des actifs dans les périodes de tension extrême.
Jacques Mistral met en cause la responsabilité de la politique économique des Etats Unis et particulièrement celle de la politique monétaire de la Banque centrale des Etats-Unis (ce qu’il appelle l’activisme monétaire d’Alan Greenspan). Selon lui, « la stimulation artificielle de la demande, même habillée des couleurs éclatantes de l’innovation financière, même maquillée sous un habillage idéologique libéral, n’est pas suffisant pour éliminer les phases descendantes de la crise. Tout au plus en repousse-t-elle le calendrier, mais au prix de déséquilibres accrus dont l’histoire nous montre qu’ils peuvent être longs à résorber ».
Christian Stoffaes retrace l’histoire de la régulation monétaire aux Etats-Unis depuis la crise de 1929 (la « mère des krachs ») et la loi de 1933 qui a fermé aux banques l’accès à Wall Street en édictant une incompatibilité entre les métiers de la banque de dépôt et ceux de la banque d’investissement, jusqu’à la dérégulation des années 80 et 90. Face à la crise d’aujourd’hui, Christian Stoffaes craint « la chasse aux sorcières » et pronostique le retour en force de la régulation. Il souhaite qu’elle soit suffisamment « fine » pour protéger les acquis des innovations financières favorisées par la dérégulation.
Jean-Hervé Lorenzi et Henri Elbaz demandent s’il est encore temps d’éviter une crise financière majeure. Selon eux la solution de sortie est mondiale et globale. Elle devrait être fondée sur 4 axes :
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la mise en œuvre d’une coordination des politiques économiques réunissant banquiers centraux, ministres des finances et régulateurs des grands pays industrialisés et des pays émergents ;
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la création par les banques de « super conduits » communs pour racheter les dettes structurées dont les pertes finales seraient prises en charge par les Etats ;
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un droit exceptionnel qui serait accordé aux banques d’amortir sur 5 ans leurs titrisations ;
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une adaptation de la régulation ce qui ne veut pas dire un renforcement.
Pour Michel Aglietta, la crise peut être considérée comme une crise générale du mode de financement de l’économie qui depuis une vingtaine d’années a progressivement généralisé le modèle de la banque d’investissement consistant à initier les crédits et vendre les risques. Selon lui il ne suffira pas de quelques améliorations techniques ni d’incantations aux codes de bonne conduite et à la transparence pour être à la hauteur des problèmes. Les réformes nécessaires pour « remettre de la raison dans la titrisation » sont très profondes. Il se dit convaincu que « cela ne se fera pas tant que le système financier international ne sera pas menacé d’un effondrement que les Banques Centrales ne pourront plus rattraper avec leurs expédients habituels ».
Patrick Artus Cahier du Cercle des Economistes Avril 2008
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