Michel Aglietta, professeur de sciences économiques à l’université Paris-X et consultant au Cepii et à Goupama Asset Management présente ici une version largement remaniée de » La crise – Pourquoi en est on arrivé là ? Comment en sortir ? » paru fin 2008.
D’une version à l’autre les qualités de l’ouvrage, toujours structuré autour des réponses à 11 questions dont 2 seulement sont formulées différemment, ne changent pas. Il est simple, rigoureux et pédagogique. Pour qui n’a pas lu l‘édition de 2008, il faut aller directement à celle-ci mais pour qui l’avait lu et appréciée, il faut lire aussi celle-ci.En novembre 2008, deux mois à peine après la faillite de Lehman Brothers et alors qu’une grande dépression menaçait, les clarifications de Michel Aglietta portaient principalement sur l’analyse de l’instabilité fondamentale des marchés financiers, sur le recours indispensable à l’endettement public et sur des propositions de régulation, de réforme de la gouvernance des banques et de renforcement de l’Europe.
Un an et demi après, ces analyses valent toujours, mais la crise de la dette souveraine pousse l’Europe sur le chemin des politiques d’austérité, les voies d’une nouvelle régulation et d’une Europe plus forte peinent à se mettre en place, et les risques s’y accroissent d’une croissance durablement faible et d’un chômage durablement massif. Michel Aglietta aiguise ses analyses sur le diagnostic de la crise et sur les voies de la sortie.
Selon lui, la crise de 2007-2008 n’est pas un simple avatar conjoncturel. C’est la crise du régime de croissance mis en place à partir des années 1980 qui avait fait des marchés des capitaux et de la valeur actionnariale « les régulateurs de l’économie en lieu et place des Etats et des négociations entre partenaires sociaux ». Impossible de trouver les voies de sortie de la crise sans le transformer profondément.
Il y a deux sources de croissance qu’il faut savoir combiner pour sortir des pièges du marasme et une nouvelle vague d’innovations qui serait portée par les technologies d’économie d’énergie et de protection de l’environnement. La refonte de la régulation financière et celle de la gouvernance bancaire qu’il analyse dans deux chapitres sont nécessaires mais elles ne suffiront pas. Les politiques publiques vont être essentielles, juge-t-il. La bonne réponse n’est ni l’austérité ni la baisse des dépenses mais leurs restructurations vers l’investissement et la création d’un Fonds européen, qui émettrait des titres achetés par les investisseurs institutionnels, ce qui entraînerait un effet d’amplification du financement. Et côté recettes aussi il faudrait restructurer. Une taxe carbone substantielle mise en place au niveau européen permettrait de réduire les autres impôts, c’est-à-dire de baisser le coût du travail en même temps qu’elle favoriserait l’investissement vers les domaines d’avenir.
Michel Aglietta Editions Michalon 2010. 128 pages, 14 €
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