Un travail pionnier a été conduit depuis quelques trente ans par la sociologue Viviana Zelizer enseignante à l’université de Princeton aux USA depuis 1988. Ses travaux sont centrés sur les Etats Unis, traitant particulièrement la période 1870 à 1930 mais ils ont eu une influence considérable et l’on peut dire qu’ils inspirent tout un courant d’études sociologiques dans sur les relations monétaires au sein des familles conduites dans de nombreux pays.
Viviana Zelizer attaque l’idée que l’argent est un simple outil des échanges d’une absolue neutralité.
Dans son livre « La signification sociale de l’argent » (1994 -2005 pour la traduction française (Seuil Paris), explique Jeanne Lazarus, Viviana Zelizer montre que « l’argent a une odeur et que ses utilisateurs se l’approprient et le colorent de significations sociales, culturelles et affectives ». L’argent familial n’est pas neutre. L’argent est « marqué » selon son origine et sa destination. L’argent gagné par l’homme du couple n’est pas le même que celui gagné par la femme. L’argent obtenu en salaire n’est pas exactement le même que celui des allocations familiales ou celui gagné au jeu. Souvent, ils ne sont pas utilisés de la même façon. « Cet ouvrage, dit encore Jeanne Lazarus, nous parle donc de la famille en des termes inhabituels et nous apprend beaucoup sur son fonctionnement. La signification sociale de l’argent au sein des foyers témoigne des inégalités entre maris et femmes, de la place des enfants, de la définition du « bon foyer » par les entrepreneurs de morale. Les batailles familiales autour de l’argent ne sont pas le fait d’êtres calculateurs voulant maximiser leur profit mais d’individus cherchant à définir leur place et à disposer d’espaces d’autonomie ».
Viviana Zelizer Seuil 1994
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