Editions : Exils, 75 pages
Prenez un mathématicien enseignant à Oxford, David Orrell, et un économiste tchèque, ancien conseiller du président Vaclav Havel et aujourd’hui chef des études macroéconomiques d’une des plus grandes banques commerciales de son pays, et vous obtenez une réflexion sur la crise financière et sur les fondements de l’économie moderne.
« Il faut une crise plus grave pour que les choses s’améliorent »
On se souvient de The Economist et de sa célèbre une en pleine tourmente financière « How Did Economists Get It So Wrong ? », comprenez comment les économistes ont pu autant se tromper, un texte rédigé par le « prix Nobel d’économie » Paul Krugman. À l’époque, l’objectif était d’alerter l’opinion publique sur les dérives de la conceptualisation mathématique de l’économie et de l’interdépendance entre le système financier et l’économie réelle, longtemps considérés comme isolées l’une de l’autre. Cet essai va beaucoup plus loin et propose une réflexion sur l’existence même des sciences économiques en l’état actuel de nos connaissances.
L’économie n’est pas une science exacte
Malgré la crise, notre système économique repose encore sur l’idée qu’il suffit de corriger certaines défaillances (régulation du système bancaire, encadrement des pratiques financières…) pour retrouver une certaine stabilité voire une dynamique. Alors que c’est notre système de pensée, à l’origine de notre conception actuelle de l’économie, qu’il faut réformer. Pourquoi ? Parce que les mutations de notre fonctionnement économique sont le résultat de modèles mathématiques complexes reposant sur des hypothèses fortes telles que la rationalité des individus. Or, l’économie, contrairement à la physique ou à la chimie, n’est pas une science exacte : « la science cherche à réduire tout système complexe à une équation ou à un modèle mathématique […] mais quelque chose est mal compris : ça ne se prête pas à tout ».
Les chiffres gouvernent notre système de pensée
Les deux auteurs dénoncent ainsi les dérives de cette surexploitation de données par des modèles dont le pouvoir de prédiction est lui-même incertain, une véritable dictature des chiffres qui gouvernent nos modes de pensées et d’actions.
« Que doit-on faire pour soigner le mal ? » (en référence au prochain ouvrage de Tomáš Sedláček,l’Economie du Bien et du Mal) : « Nous devons modifier cette foi fervente dans une croissance omnipotente et omniprésente. Deuxièmement […], le système est un excellent parapluie qui s’ouvre toujours, sauf quand il pleut. Cela, je crois, décrit bien la science économique moderne […] Soyons plus humbles et essayons d’être moins faussement précis et les choses iront mieux ».
L’avis de la finance pour tous
Une réflexion courte, claire et enrichissante sur l’économie et ses rouages que l’on suit avec attention grâce au genre choisi, celui d’une conversation entre deux économistes auquel on s’imagine participer. Un ouvrage pédagogique, riche de métaphores et de comparaisons permettant à chacun de bien comprendre les problématiques actuelles.
Pour tous ceux qui souhaitent nourrir leur réflexion sur le fonctionnement de l’économie et sur les réformes à imaginer demain.
Commenter