Niall Ferguson est un historien britannique. Professeur à Harvard et à Oxford, spécialiste de l’histoire économique et financière, il fait partie, dans le monde anglo-saxon et en particulier aux Etats-Unis, des intellectuels très médiatiques. Son livre « L’irrésistible ascension de l’argent » a été publié aux USA en 2008, après le déclenchement de la crise.
C’est un modèle du genre, sans équivalent à notre connaissance. Destiné à tous les publics, l’ouvrage retrace l’histoire quadri millénaire de la monnaie, de la banque et de la finance et en explique de façon extrêmement vivante les principaux mécanismes.
L’auteur est convaincu de l’apport positif de la monnaie et de la finance. « De l’ancienne Mésopotamie à la Chine d’aujourd’hui, l’ascension de la monnaie a été l’un des moteurs du progrès de l’humanité : un processus complexe d’innovation, d’intermédiation et d’intégration qui a été aussi vital que la science et le droit pour permettre à l’humanité d’échapper à l’ingratitude de l’agriculture de subsistance et à la misère du piège malthusien ». Si vous êtes entré dans ce livre avec des convictions différentes ou contraires, vous n’en sortirez pas forcément convaincu par la thèse de Niall Ferguson ; et ceci d’autant plus que celui-ci ne nous cache rien, ou presque, des dégâts, liés à cette marche du progrès. Mais à tout le moins, vous comprendrez mieux le monde dans lequel vous agissez.
Le livre est découpé en six chapitres. Un par innovation majeure : l’argent et la banque, les obligations et le financement des Etats, les actions et la bourse, les assurances et les fonds de pension, le crédit immobilier et le marché hypothécaire, la mondialisation financière. Chaque chapitre est un récit en va-et-vient de l’actualité la plus chaude aux racines des inventions financières, truffé de portraits et d’aventures exemplaires : celle de Jean de Médicis pour la banque, celle de Nathan Rothschild pour les obligations, celle de John Law pour les actions, celle des pasteurs écossais Wallace et Webster pour les fonds de pension… Niall Ferguson montre quelle a été et quelle est l’utilité sociale de chacune de ces innovations financières. Il illustre en même temps combien chacune est source de heurts et de chaos.
A la fin il faut en venir aux leçons et aux conclusions. Niall Ferguson affirme avoir retiré plusieurs convictions de son travail. Celle que les défauts de la finance ne sont que les reflets de ceux des hommes. Celle également que l’histoire de la finance est un processus « évolutionniste » de sélection naturelle des « meilleures espèces », dont le moteur principal est le marché bien davantage que les institutions.
Niall Ferguson Editions Saint Simon, ParisNovembre 2009, 250 pages, 23 €
Commenter