On ne présente plus Paul Krugman, un des économistes les plus connus de notre temps, lauréat du prix Nobel, célèbre chroniqueur du New York Times.
Il existe beaucoup d’autres économistes renommés, bardés de diplômes, de prix et de distinctions. Mais bien peu possèdent le talent pédagogique de Paul Krugman, une des seules « grandes pointures » de la discipline à avoir fait l’effort de s’adresser également au public non universitaire.
Les principaux travaux de recherches de Paul Krugman ont porté sur les crises financières et le commerce international. Dans « Pourquoi les crises reviennent toujours ? », l’auteur se centre exclusivement sur le premier de ses thèmes de recherche : les crises financières, principalement celles ayant frappé les pays émergents dans les années 1980 et 1990.
Le livre pourrait sembler passablement démodé. Il a en effet été publié en 1999 et, même dans sa version rééditée en 2008 au cœur de la crise financière, il se concentre principalement sur des évènements ayant affecté impacté des pays en développement au XXème siècle. Pourtant, la lecture en est, même aujourd’hui, aussi passionnante qu’enrichissante.
La fluidité du style de Paul Krugman est pour beaucoup dans l’intérêt du livre. Rares sont en effet les ouvrages de bon niveau en économie à se lire comme des romans et à ne pas assommer le lecteur sous du jargon obscur ou des mathématiques arides.
L’auteur décortique en détail les crises successives ayant frappé les pays en développement, notamment dans les années 1990 : Mexique, Asie, Russie, Brésil, Argentine… faisant du livre un standard pour tous ceux qui s’intéressent à ces crises. Les mécanismes de crise de change et les déséquilibres de balance de paiements y sont longuement détaillés, ainsi que les paniques financières, les mouvements moutonniers des financiers, les enjeux de dette publique…
L’auteur a pour but principal d’informer le public, pas de défendre tel camp plutôt que tel autre. Pourtant, il n’hésite pas à pointer les responsabilités des uns ou des autres (politiques, financiers, organisations internationales…), l’auteur étant d’ailleurs connu pour son style incisif et son habitude de dire les choses sans langue de bois.
Le public visé est le grand public. Cependant, bien qu’il soit écrit sans mathématisation ou lourdeur excessive, l’auteur ne prend pas le temps de rappeler les notions fondamentales (croissance, taux de change, balance des paiements…). Ainsi, le lecteur réellement novice ou fraichement débutant devra parfois s’accrocher, mais le jeu en vaut la chandelle !
Editions Seuil
208 pages
17,20 €
Paru en 2000 (remis à jour en 2009)