Question
Comment les dépenses de logement sont-elles prises en compte dans l’inflation ?
Par Mirindra
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Comment les dépenses de logement sont-elles prises en compte dans l’inflation ?
Par Mirindra
L’inflation est mesurée à partir des variations de l’indice des prix à la consommation (IPC). Il permet d’estimer, entre deux périodes (généralement un mois ou une année), la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages.
Pour le mesurer, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) observe la variation du prix d’un panier de biens et services, ajusté de l’évolution de sa qualité. Chaque produit est pondéré par son poids dans la dépense de consommation des ménages.
Concernant l’immobilier, sa prise en compte dans l’IPC peut prêter à confusion. En effet, les ménages peuvent se loger en louant un logement, ou en l’achetant.
L’IPC prend en compte l’évolution des loyers, mais pas l’évolution des prix à l’achat. En effet, un achat immobilier est considéré comme un investissement, et non comme une consommation, car un bien immobilier peut être revendu plus tard.
La location d’un logement correspond cependant bien à une consommation, plus précisément la consommation d’un service de logement. Les ménages français consacrent environ 6 % de leurs dépenses de consommation aux loyers (hors charges comme l’eau, l’électricité, les petits travaux d’entretien…).
La pondération dépenses de logement hors charges dans l’IPC est de 6 %. Ce chiffre peut sembler faible, mais il faut rappeler que seuls 40 % des ménages sont locataires.
L’Insee calcule par ailleurs le taux d’effort des ménages lié à l’occupation de leur résidence principale, qui est le rapport entre la somme des dépenses liées à l’habitation principale (notamment loyers et remboursements d’emprunts) et les revenus des ménages. En 2017, le taux d’effort net moyen était de 19,7 %.
Si le prix de l’immobilier à l’achat était retenu dans l’inflation, cela pourrait conduire à des aberrations. Prenons l’exemple de l’Espagne, pays qui a connu l’éclatement d’une bulle immobilière en 2008 – 2009. De 2000 à 2008, les prix de l’immobilier ont triplé, puis ils ont baissé de plus de 30 % entre 2009 et 2013.
Si les prix de l’immobilier à l’achat avaient été intégrés dans l’indice des prix, cela aurait conduit à une hausse de l’inflation de 2000 à 2008, suivie d’une minoration de l’inflation de 2009 à 2014. Les gains de pouvoir d’achat auraient paru moins élevés pendant les années d’euphorie, et plus élevés pendant les années de crise (le pouvoir d’achat étant la différence entre la variation du revenu disponible et l’inflation).
En conséquence, suite à l’explosion de la bulle immobilière, alors que le pays était en récession et que le taux de chômage s’envolait, la prise en compte des prix de l’immobilier à l’achat, alors en forte baisse, aurait dopé artificiellement le pouvoir d’achat des Espagnols. Cela permet de comprendre pourquoi il est judicieux de ne pas intégrer les investissements (achats immobiliers pour les ménages) dans les chiffres de l’inflation.
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