Question
On dit que les banques créent de la monnaie, est-ce exact ?
Par Stéphane
Réponse
Le mécanisme principal de la création monétaire repose sur le crédit bancaire. La monnaie est donc créée lorsqu’une banque accorde un crédit à un client.
Depuis 1971 et la fin des accords de Bretton Woods, la monnaie n’a plus aucun lien avec l’or, qui est devenu une simple matière première. Ainsi, la création monétaire n’est pas liée aux découvertes d’or.
Le processus principal de la création monétaire repose sur le crédit bancaire. Lorsqu’une banque accorde un crédit, elle crée la monnaie correspondante en créditant le compte de son client. Cette création monétaire est scripturale, c’est-à-dire qu’elle se fait via des écritures comptables et non par l’impression de nouveaux billets. La création de billets et de pièces correspond à de la fabrication physique de monnaie. Cependant, quand un particulier retire de l’argent au distributeur, la somme retirée en billets est retranchée de son compte bancaire. La masse monétaire reste donc identique bien que sa composition ait changé.
Les dépôts ne sont donc pas un préalable à l’octroi de crédit. En fait, quand une banque crée de la monnaie en accordant un crédit, elle crée par la même occasion un dépôt bancaire en mettant à disposition de son client la monnaie ainsi créée. Ce sont donc les crédits qui font les dépôts, un mécanisme qui peut sembler en contradiction avec la croyance populaire qui veut que ce soient les dépôts qui fassent les crédits !
À l’inverse, la monnaie est détruite lorsqu’un emprunt est remboursé. Ainsi, s’il y a plus de crédits accordés que de crédits remboursés sur une période donnée, la masse monétaire augmente. Inversement, elle diminue si les remboursements sont supérieurs aux crédits accordés.
Cependant, la capacité des banques à créer de la monnaie n’est pas illimitée. Elles sont contraintes par des exigences de refinancement fixées par la banque centrale. C’est donc la banque centrale (en zone euro, la Banque centrale européenne) qui, en faisant varier son taux de refinancement, l’un des taux d’intérêt directeurs, pilote la création monétaire.
Pour aller plus loin
52 commentaires
Et comment cela se passe exactement ? La création monétaire intervient-elle quand il n’y a plus d’épargne à prêter ?
Merci pour votre retour.
Bonjour,
En pratique, les établissements de crédit utilisent les deux méthodes – utiliser les dépôts existants et créer de la monnaie – en fonction des ressources dont elles disposent.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Si les banques créent de la monnaie lors d’un prêt, que font-elles de nos dépôts ?
J’ai trouvé pas mal de sites qui expliquent que les banques s’en servent pour octroyer des crédits.
Les deux méthodes sont-elles utilisées ?
Bonjour,
Oui, les deux méthodes sont utilisées par les banques pour octroyer des crédits.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Il me semble un peu raccourci de dire que les banques commerciales créent de la monnaie ex nihilo.Il me semble que c’est essentiellement la banque centrale qui peut créer de la monnaie ex nihilo Normalement quelque soit le prêteur ( banque de dépôt ou organisme de financement) chaque crédit accordé doit être adossé à une ressource : ses fonds propres, ses emprunts obligataires et ou les dépots de ses clients et ou des emprunts à la banque centrale ou aux autres banques (marché interbancaire) . Bien sûr l’unicité de trésorerie ne permet pas toujours de lier la ressource bancaire à un prêt( on ne fait pas du face à face entre le déposant et l’emprunteur) sauf pour certaines typologies de prêt (Prêt épargne Logt adossé aux ressources ‘épargne logement ; prêts artisans /LEP ). Si une banque fait de la transformation en prêtant des capitaux en adossant ce prêt à la masse des dépots à vue ou à court terme . On peut éventuellement dire qu’elle crée temporairement de la monnaie, qui sera détruite au fil des remboursements. Elle donne du pouvoir d’achat . Mais ça me parait un peu simpliste et réducteur. Car elle met à disposition de l’emprûnteur des signes monétaires ou elle met en circulation des signes monétaires adossés à des signes monétaires restés en stock dans les comptes des déposants . Elle puise dans la masse de la trésorerie de ses dépots (laissée par ses épargnants) pour les mettre à disposition des emprunteurs. Elle joue sur le volant de dépots qui reste toujours sur ses comptes tout en permettant à chaque déposant de reprendre ses fonds à tout moment. Il n’y a création monétaire effective, que si tout ses déposants sortent leurs capitaux et si ça l’oblige d’emprunter elle même à la banque centrale pour faire face à ces sortie massives de trésorerie . Dans e cas il y aurait effectivement 2 signes monétaires en circulation en même temps celui du dépot d’origine et celui prêté. . Et ces emprunts auprés de l’organisme d’émission supposent de céder ou de mettre en garanties ses créances (emprunts souscrits par ses clients) c’est le levier de la création monétaire; mais controlé par les ratios prudentiels de solvabilité etc.. . La notion de circulation et de vitesse de circulation de la monnaie ne sont jamais pris en compte dans vos explications. L’épisode du Covid a été une belle démonstration du principe de circulation de la monnaie; les comptes des particuliers se sont gonflés. Ils étaient en bout de chaine du processus de création de monnaie par la banque centrale. ce fut une belle démonstration, de la formule MV= PT , V a été trés ralenti
. Quelque part la distribution de crédit adossé au dépôts est une façon de mettre en mouvement des capitaux qui reteraient figés sur des comptes de dépots, d’augmenter la vitesse de circulation de la monnaie donc de faire évoluer le PIB (Fameux multiplicateur du crédit) . peut être ai je mal raisonné . Bien sûr que les intèrêts et les commisions encaissées contribuent aussi au PIB de l’ETA
Bonjour,
Nous maintenons que les banques commerciales créent de la monnaie ex nihilo. Prenons la relation comptable que vous citez : MV = PT. Dans cette égalité, M désigne la masse monétaire. Or qui crée cette masse monétaire si les banques commerciales ne sont pas à l’origine de la création monétaire ?
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
si c’est l’octroi de crédit qui définit la création de la monnaie,la création de la monnaie n’est plus uniquement l’activité des banques.parceque dans les pays pauvres les micros finances octroient plus de crédit même que les banques . Beaucoup de personnes morales comme physique fond recours aux institutions financières décentralisée que les banques dans les pays pauvres comme le cas du Benin . Nous avons des institutions de microfinance comme PADME ,Pebcco Bethesda etc qui sont presque plus reconnu dans tous les arrondissements, quartiers et ville pour les crédits que les Banques. Est-ce que comme ça la banque créé réellement de la monnaie dans les pays en voie de développement ?
Bonjour,
Une différence majeure entre les banques et d’autres institutions pouvant accorder des crédits (comme les institutions de micro-crédit) est que ces dernières ne peuvent, par définition, pas créer de monnaie. Le pouvoir de création monétaire est l’une des prérogatives des établissements bancaires.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Je ne comprend pas pourquoi les banques détruise l’argent des crédits rembourser.
Pourquoi ne réinjectent t’elles pas l’argent du crédit remboursé dans l’économie?
Bonjour,
Il s’agit de la conclusion « logique » de l’opération de prêt : celle-ci a débuté par de la création monétaire et se conclut par la destruction de la monnaie préalablement créée. Afin de financer d’autres projets, la banque accordera d’autres prêts, éventuellement en créant de la monnaie ex nihilo.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Je recherche des information sur les dettes croisées(dites reciproques) entre état.
Existe-t-il un situation telle que :
une banque privée française possède les 150 milliards de dettes de l’état français sur l’allemagne à un taux de 1% par an donc elle touche 1,5 milliards par an de l’état allemand. Et une banque privée allemande possède les 200 milliards de dettes de l’État français à un taux de 1 % l’an et donc touche 2 milliards d’intérêts de l’État français. et donc faire passer 3,5 milliards d’euros du public au privé alors que si les deux dettes réciproques étaient compensées, soit seulement 50 milliards, alors seulement la banque allemande ne toucherait que 1 % de 50 milliards soit 500 millions. Donc 3 milliards de moins ponctionnés sur les états ??
est-ce un raisonnement realiste?
Merci
Bonjour,
Nous avons du mal à saisir votre exemple : qu’appelez-vous, tout d’abord, « dettes de l’Etat français sur l’Allemagne » ? Nous supposons qu’il s’agit de dettes émises par l’Etat allemand. Dans ce cas, il ne peut y avoir de « compensation », à moins de spoiler un ou plusieurs acteurs.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Tout d’abord merci et bravo pour votre merveilleux site.
Une question me tarode : La banque me fait un pret de 100 pour acheter un appartement. Quand je rembourse les 100, ils sont détruits et la banque conserve juste le surplus d’interets, nous sommes d’accord… Mais ces »100″, je les ai donné au vendeur, qui lui les a encaissé et réinjecté dans l’économie… Ils ne sont donc pas détruit et augmentent la masse monétaire de 100 ??
Bonjour,
Dans votre exemple, la masse monétaire augmente de 100 lorsque la banque accorde le prêt et diminue de 100 lorsque le client rembourse la somme empruntée. En dehors de ces deux actions, les mouvements de fonds, que ce soit lors du transfert de la somme empruntée au vendeur de l’appartement ou lors de tout autre évènement, ne modifient pas la masse monétaire. Le fait que de la monnaie passe d’un agent économique à un autre n’a, en effet, pas d’impact sur la quantité de monnaie en circulation dans l’économie.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour. Les 100 euros empruntés, vous les avez donnés au vendeur, mais ensuite vous avez remboursé les 100 euros de capital empruntés à la banque, que avez extrait peu à peu de la masse monétaire circulante en les prélevants sur vos revenus. +100 -100 = 0
Bonjour,
Je m’intéresse beaucoup au processus de création monétaire et des questions persistent sur les limites de cette création !
Pouvez-vous me confirmer que les crédits n’ont aucun rapport avec le montant des dépôts ?
Dans ce cas quelles sont les limites pour une banque (outre la confiance qu’elle accorde à l’emprunteur) ?
Je ne comprends pas en quoi le taux de refinancement influence l’octroi de crédits.
Merci d’avance.
Bien cordialement,
Bonjour,
Le pouvoir de création monétaire des banques est limité, tout d’abord, par la réglementation prudentielle. Les accords de Bâle III imposent un ratio de solvabilité au moins égal à 10,5 %. Ainsi, si une banque détient 100 euros de fonds propres, elle ne pourra prêter plus de 952,38 euros. La politique monétaire, menée par la Banque centrale, a également un impact sur le pouvoir de création monétaire des banques. Ces dernières ont, en effet, l’obligation de conserver des fonds en réserve auprès de la Banque centrale (actuellement, 2 % des dépôts gérés en zone euro), ce qui limite de fait la création monétaire.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Merci pour votre retour.
Pour être sûr d’avoir compris vu que les dépôts font les crédits, s’il y a un taux de réserve, inévitablement les banques devront se refinancer auprès de la BCE à un certain moment si elles veulent continuer à prêter ?
En cas de besoin pour éviter de se refinancer, les banques ont la possibilité de titriser notamment les créances immobilières ?
Bonjour,
Effectivement, les banques commerciales doivent inévitablement se refinancer auprès de la Banque centrale. Le refinancement de crédit par la titrisation est une possibilité : selon Thierry Granier, professeur de droit à Aix-Marseille : « le refinancement du crédit apparaît bien comme le rôle originel de la titrisation » (cf. « Le refinancement de crédit par la titrisation », 2012, disponible à l’adresse suivante : https://hal.science/hal-01429874).
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour , L’Equipe de Lafinancepourtous.com ,
Puisque la monnaie créée par le credit est detruite par le remboursement. que devient l’interet du rembrousement ? si je comprends bien la banque detruit l’equivalent du montant emprunté, et l’interet perçu par la banque provient d’une autre sources pour payer la banque.
Merci
Bonjour,
Vous avez bien compris : seule la monnaie qui correspond au montant du prêt est détruite lors du remboursement de celui-ci.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonsoir, merci pour ces explications. Je ne comprends encore pas bien comment des crédits peuvent créer la monnaie et en quoi le remboursement de crédit détruit la monnaie.
Merci d’avance
Bonjour,
Lorsqu’une banque accorde un crédit, elle crée de la monnaie en créditant le compte de son client du montant du prêt. Cette création monétaire se fait de manière « scripturale », c’est-à-dire qu’elle passe par des écritures comptables et non par l’impression de nouveaux billets. Lorsque le client rembourse son emprunt, le processus inverse est à l’œuvre : la monnaie préalablement créée est alors détruite.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Merci pour toutes cex explications mais un point m’échappe encore. J’ai du mal à comprendre en quoi le non-remboursement d’un prêt est un risque pour la banque. Puisque c’est « uniquement » de la monnaie scripturale qui a été créée et non de la monnaie centrale la banque ne perd aucun argent pour financer ses transactions sur le marché interbancaire. Comme la création est réalisée via un jeu d’écritures comptables, je ne vois pas en quoi le non-remboursement constitue une perte pour la banque puisque sa trésorerie ne va pas changer. Et que l’éventuel argent reçu en remboursement du prêt sera détruit (donc que le prêt soit remboursé ou non la banque n’en voit pas la couleur).
Et deuxième question liée, concrètement que se passe-t-il pour la banque si un agent ne rembourse pas son prêt ? Elle ne peut pas détruire l’argent qu’elle avait créé mais subit-elle des pertes en monnaie centrale ? Ou d’autres pertes ?
Merci pour votre éclairage
Bonjour,
Supposons qu’une banque accorde un crédit d’une valeur de 100 en créant de la monnaie ex nihilo. Son bilan comptable est alors impacté de la manière suivante :
– son actif augmente de 100, puisqu’elle détient désormais une créance sur son client (celui-ci devra lui rembourser 100 ultérieurement)
– son passif augmente également de 100, puisque la banque verse le montant du prêt sur le compte courant de son client. Les fonds conservés sur les comptes courants appartiennent aux clients des banques et constituent donc un engagement pour les banques.
Que se passe-t-il en cas de non-remboursement du crédit ? La banque subit une perte, puisque la valeur de son actif diminue, tandis que son passif demeure.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour
Si les banques commerciales créent leur argent alors pourquoi revendaient elles les crédits sous forme de mbs et de cdo puisqu’elles n’ont pas de problèmes de liquidité à ce niveau là et en quoi le défaut d’une écriture comptable peut il pousser une banque à la faillite ?
Bonjour,
Les banques disposent, en effet, du pouvoir de création monétaire. Il est, toutefois, limité, notamment par la règlementation prudentielle et la politique monétaire de la Banque centrale (voir, par exemple, notre article : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/theories-economiques/creation-monetaire/les-limites-a-la-creation-monetaire/). De plus, en cas de non-remboursement du prêt par le client, la banque subit une perte comptable. Comme toute entreprise, si les pertes d’une banque sont trop importantes, celle-ci risque de disparaître. Or, une banque ne peut créer de la monnaie qu’en l’existence d’une contrepartie (prêt accordé à un client par exemple) et ne peut donc pas créer de la monnaie pour renflouer ses comptes. La vente de créances de la part des banques via la titrisation visait, par ailleurs, à transférer des éléments risqués vers d’autres institutions et ainsi à les « sortir » de leur bilan.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
» De plus, en cas de remboursement du prêt par le client, la banque subit une perte comptable. » Vous vouliez sans doute dire » en cas de non-remboursement ….. »
Bonjour,
Merci de votre lecture attentive. Il fallait effectivement lire « en cas de non-remboursement ». La réponse précédente a été corrigée en ce sens.
Meilleures salutations.
L’équipe de lafinancepourtous.com