Surendettement : ce qui a changé avec la loi Lagarde et les réformes suivantes

la finance pour tous

La loi Lagarde du 1er juillet 2010 a profondément réformé le dispositif de traitement du surendettement, mis en place par la loi Neiertz du 31 décembre 1989. Depuis, d’autres textes législatifs ont adapté et réformé les procédures existantes. Voici un récapitulatif des principales modifications entrées en application jusqu’à aujourd’hui.

La loi « relative à la prévention et au règlement des difficultés liées au surendettement des particuliers et des familles » a été promulguée le 31 décembre 1989 (Loi Neiertz). Le dispositif initial, entré en vigueur le 1er mars 1990, a été plusieurs fois modifié depuis.

Les réformes successives et les principales modifications du dispositif

Voici une présentation des principaux textes législatifs ayant réformé et adapté le dispositif de traitement du surendettement (sans retenir les mesures de prévention du surendettement et de renforcement de la protection des emprunteurs). 

Décret n°2020-1452 du 27 novembre 2020 portant diverses dispositions relatives à la procédure civile et à la procédure d’indemnisation des victimes d’actes de terrorisme et autres infractions

  • Depuis le 1er janvier 2021,
  • Modification des modalités de saisine du juge des contentieux de la protection auprès du tribunal judiciaire ;
  • Modification de la procédure à suivre pour les demandes d’autorisation de souscription de nouveaux emprunts de la part du débiteur.

Loi n°2020-734 du 17 juin 2020 relative à diverses dispositions liées à la crise sanitaire et à d’autres mesures urgentes

  • Depuis le 19 juin 2020,
  • Les dettes professionnelles peuvent être effacées dans le cadre de la procédure de rétablissement personnel (avec ou sans liquidation judiciaire), comme les dettes personnelles du débiteur ;
  • Les dettes professionnelles peuvent être intégrées à un plan conventionnel de redressement, comprises dans un moratoire ou faire l’objet d’un effacement partiel dans le cadre de mesures imposées (sauf si le débiteur exerce sous le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limité – EIRL).

Loi n°2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et à la transformation des entreprises (Pacte)

  • Ouverture de la procédure de rétablissement professionnel (articles L645-1 et suivants du code de commerce) aux entrepreneurs individuels, personnes physiques, sans salarié et dont l’actif est inférieur à un certain seuil, pour leurs dettes personnelles (leur patrimoine non affecté à l’activité professionnelle). Attention : le débiteur qui exerce sous le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limité (EIRL) ne peut pas en bénéficier.

Loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan)

  • Articulation entre les procédures de prévention des expulsions locatives et de surendettement.

Loi n°2016-1691 du 09 décembre 2016 (Loi Sapin 2) sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique

  • Depuis le 1er janvier 2018,

  • Suppression de la phase amiable de conciliation (élaboration d’un plan conventionnel de redressement) en l’absence de bien immobilier dans le dossier de surendettement ;

  • Les créanciers peuvent refuser la proposition de plan conventionnel de redressement dans un délai de 30 jours (Décret n°2017-302 du 8 mars 2017). L’absence de réponse dans ce délai vaut accord.

Loi n°2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du 21ème siècle

  • Depuis le 1er janvier 2018,

  • Suppression de l’homologation par le juge pour les mesures recommandées par la commission et les procédures de rétablissement personnel sans liquidation judiciaire.

Ordonnance n°2016-301 du 14 mars 2016 relative à la partie législative du code de la consommation (ratifiée par la loi n°2017-203 du 21 février 2017)

  • Depuis le 01/07/2016,

  • Nouvelle codification à droit constant du code de la consommation

Loi n°2014-366 du 24 mars 2014 (Loi ALUR) pour l’accès pour au logement et un urbanisme rénové

  • Action coordonnée de la commission de surendettement avec la commission en charge de la prévention des expulsions locatives.

Loi n°2014-344 du 17 mars 2014 (Loi Hamon) relative à la consommation

  • Depuis le 1er juillet 2016,

  • Réduction à 7 ans de la durée maximale des plans conventionnels de redressement et des mesures décidées par la commission (au lieu de 8 ans).

  • Réduction de la durée d’inscription au FICP à 7 ans au lieu de 8 ans pour les plans conventionnels et les mesures décidées par la commission.

  • Interdiction de la facturation de frais de rejet de prélèvement par les opérateurs de services essentiels (énergie, eau, télécoms) aux personnes fragilisées financièrement.

Loi n°2013-672 du 26 juillet 2013 de séparation et de régulation des activités bancaires

  • Depuis le 1er janvier 2014,

  • La commission peut imposer ou recommander des mesures sans passer par la phase amiable de conciliation.

  • Suppression du réexamen automatique de la situation du débiteur à l’issue d’un moratoire.

  • Suspension automatique des procédures d’exécution dès recevabilité du dossier et suspension des procédures d’expulsion portées à 2 ans (contre 1 an).

  • Mesures d’accompagnement social et budgétaire du débiteur surendetté (depuis le 28 juillet 2013).

Loi n°2010-737 du 1er juillet 2010 (Loi Lagarde) portant réforme du crédit à la consommation

  • Depuis le 1er novembre 2010,

  • Réduction à 8 ans de la durée maximale des plans conventionnels de redressement et des mesures décidées par la commission (au lieu de 10 ans).

  • Réduction de la durée d’inscription au FICP :
    8 ans au lieu de 10 ans pour les plans conventionnels et les mesures décidées par la commission. Durée réduite à 5 ans s’il n’y a d’incident de parcours pendant l’exécution du plan et des mesures ;
    5 ans au lieu de 8 ans pour la procédure de rétablissement personnel.

  • Réduction du délai de traitement des dossiers par les commissions : 3 mois maximum au lieu de 6 mois pour décider de la recevabilité et de l’orientation du dossier de surendettement.

  • Accès aux procédures de surendettement aux surendettés propriétaires de leur logement (la vente du bien n’est plus un préalable).

  • Les commissions peuvent imposer des mesures de rééchelonnement de dettes et d’effacement d’intérêts, sans homologation par le juge.

  • Création d’une procédure de rétablissement personnel sans liquidation judiciaire, sur recommandation de la commission s’il n’existe pas de biens.

  • Suspension automatique des procédures d’exécution dès recevabilité du dossier (ou sur demande de la commission dès le dépôt) ; suspension des procédures d’expulsion, sur demande de la commission, par décision du juge.

  • Continuité des services bancaires :– maintien du compte bancaire– proposition d’une gamme de moyens de paiement adaptés– adaptation du montant de l’autorisation de découvert

  • Interdiction de facturation de frais de rejet de prélèvements par les banques et les créanciers après la décision de recevabilité du dossier par la commission de surendettement.

Loi n°2005-67 du 28 janvier 2005 (Loi Chatel) tendant à conforter la confiance et la protection du consommateur

  • Mesures de prévention du surendettement (renforcement de l’information du consommateur et de la réglementation en matière de crédits, notamment renouvelables (modalités de reconduction, de résiliation…).

Loi n°2003-710 du 1er août 2003 (Loi Borloo) pour la ville et la rénovation urbaine

  • Création de la procédure de rétablissement personnel (liquidation judiciaire des actifs et effacement total des dettes) pour les débiteurs dont la situation est « irrémédiablement compromise ».

  • Possibilité d’intégrer les dettes fiscales dans les mesures de traitement du surendettement.

Loi n°98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions

  • Les commissions peuvent recommander des mesures d’effacement partiels ou totaux de dettes pour les débiteurs se trouvant dans une situation où l’élaboration d’un plan de redressement est impossible.

Loi n°95-125 du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative

  • Renforcement du rôle des commissions de surendettement : en cas d’échec des négociations amiables, formulation de recommandations à l’intention des juges (institution d’une procédure en 3 phases : amiable, recommandation, homologation).

    1 360 commentaires sur “Surendettement : ce qui a changé avec la loi Lagarde et les réformes suivantes”
    1. Bonjour j’ai un plan de surendettement de 10 ans peut il être abaissé à 7 ans avec le même montant de rembourse ment et effacement des dettes au terme du plan comme prévu par un jugement de tribunal ou dois je continuer jusqu a dix ans

    2. Bonjour,

      J’ai été fiché Ficp en juillet 2010 pour une durée 8 ans aprés une procédure de redressement personnelle annulation totale de la dette. Est ce que la loi lagarde me concerne pour ce qui est de la durée des 5 ans ?
      Merci de votre réponse

    3. Bonjour,
      Notre assurance (habitation et véhicules), a rompu nos contrats alors que nous avions un dossier de surendettement et nous oblige à payer un prorata de cotisation et en plus une indemnité de résiliation prévue à l’article L.113-3 du code des assurances. Nous avions tenté de nous arranger avec l’assurance puisque nous pouvions payer mensuellement mais c’était juste nos rémunérations qui n’arrivaient pas à des dates précises (du coup les prélèvements étaient rejetés). De plus lors de la rupture des contrats, il n’y avait plus aucun retard de paiement. A savoir aussi qu’aucune négociation n’a été faite avec la commission de surendettement comme il est fait avec tous les créanciers. Donc je souhaitais savoir si l’assurance pouvait rompre nos contrats sans arrangement avec la commission de surendettement et si il est normal que nous ayons à payer ces frais puisque normalement nous sommes couverts par le dossier de surendettement et il me semblait que nous ne pouvions pas avoir de frais supplémentaires ? La Banque de France n’as pas pu me répondre me disant que les conseillers n’étaient pas juristes. Ces frais ont donc été incorporés au plan de surendettement.
      Merci pour votre réponse
      Cordialement

    4. Bonjour,
      Des personnes connaissent des difficultés qu’ils n’on pas voulues et que la vie leur a infligées. On peut concevoir qu’ils aient besoin d’aide et que leurs dettes soient effacées. Normal et humain !..
      Mais il y a tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont compris les avantages de notre système social. Ne rien faire, se réfugier dans un coin de France paumé, loin des villes où on est assuré de ne trouver aucun emploi. RSA garanti, aide au logement… et ensuite LOYERS IMPAYÉS.
      C’est le cas de mon locataire 38 ans, célibataire en bonne santé, aucune charge à assumer, levé à 11 heures, sieste à 15 heures et couché à l’aube. Il a été recommandé au juge par la Commission de désendettement d’effacer ses dettes. Bien sûr je vais m’asseoir sur les 15 mois de loyer impayés et sur les taxes d’ordure ménagères et d’eau que j’ai été obligé de payer sous peine de 10% de pénalités dans un premier temps et de saisie sur mon salaire au final… Avec mon salaire de 1530 € je fais vivre ma famille et j’ai trimé pendant des années (dimanches et jours fériés ) pour avoir un petit logement que je loue 230 €/ mois pour améliorer le quotidien. Bref, j’arrête de raconter ma vie!
      Il est inadmissible d’accepter de telles injustices qui pénalisent les petits citoyens. J’ai refusé l’effacement de la dette qui sera de toute façon accordée par le juge vu les conclusions de la commission :  » situation irrémédiablement compromise  » , « sa situation personnelle ne lui permet pas de trouver un emploi « , « il est peu probable qu’il y ait retour à meilleure fortune ». Et enfin « la commission a retenu une mensualité de remboursement de 0 €  » Donc il faudra m’asseoir sur cette dette, mais je refuse par principe, estimant que le locataire peut se bouger les fesses pour trouver du boulot, comme je l’ai fait quand j’avais à peine 16 ans en m’embauchant pour des travaux agricoles saisonniers ou dans des bars. il n’y a pas de sots métiers mais il a beaucoup de fainéants.
      Je ne mets pas en cause le juge qui décidera ; il ne fait qu’appliquer la Loi et je la respecte. Je mets en cause les incapables au gouvernement qui ont voté cette loi sans nuance et je dis que s’il faut effacer les dettes, c’est l’Etat qui doit assumer totalement la loi qu’il a promulguée, sans que le citoyen lambda soit obligé de trinquer.
      Ce message ne s’adresse pas aux personnes travailleuses, courageuses et de bonne foi.

    5. Bonjour,

      Le médiateur est en mesure de trouver une solution convenable aux parties et respectueuses des dispositifs légaux. La possibilité évoquée est envisageable mais n’est pas garantie.

      Meilleures salutations.
      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    6. Bonjour,

      Pour ce type de question, il convient de vous rapprocher de la Banque de France qui vous explicitera la marche à suivre.

      Meilleures salutations.
      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    7. bonjour j ai un plan de surendettement actif depuis 2010 a l’ouverture du compte à la même date j’ai averti que j’avais un plan de surendettement
      d après la bdf je suis considérée comme personne fragile ce qui incombe à la banque si elle fait des rejet à avoir des frais minimum ainsi que la commission d intevention . Elle applique les tarif normaux j’ai fait appel au médiateur sur conseille de bdf. ma question est simple est ce que le médiateur peut demander à ma banque de reprendre tous les compte et me restituer l’argent qu ils ont perçu indument depuis l’ouverture du compte

    8. je souhaite redeposer un dossier de surendettement est ce que je doit mettre l ancien dedans ou en refaire un complet(donc repartir depuis le debut)

    9. Bonjour,

      La souscription d’un emprunt n’est jamais un droit. La banque sollicitée peut donc parfaitement refuser votre demande au motif d’un défaut de remboursement possible, d’un montant emprunté trop élevé par rapport à vos ressources financières. Il convient d’effectuer une autre demande dans un autre établissement bancaire.

      Meilleures salutations.
      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

1360 commentaires

Commenter