Un particulier qui, pour ses besoins ponctuels de tourisme, souhaite se procurer des devises, se rendra au guichet de sa banque ou dans un bureau de change pour les devises les plus courantes. S’il souhaite des quantités importantes, il devra « commander » ses devises quelques jours à l’avance. S’il a besoin de l’équivalent de plus de 10 000 €, il fera l’objet d’une déclaration Tracfin (service du ministère des finances chargé de la lutte contre le blanchiment). Ce particulier participera, de façon très modique au regard des montants traités quotidiennement et par l’intermédiaire de sa banque ou de son cambiste, au marché des changes.
Les messages promotionnels sur des contrats financiers spéculatifs et très risqués sont interdits depuis le 1er janvier 2017. La loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite « Sapin II », marque une avancée majeure en matière de protection des épargnants français. En pratique, ce nouveau dispositif permet d’interdire la publicité directe ou indirecte, diffusée par voie électronique, et portant sur les options binaires, les CFD et les contrats financiers sur devises (Forex). L’ensemble des prestataires de services d’investissement et des acteurs de la chaîne publicitaire sont concernés par ce mécanisme.
Pour un particulier, investir sur le marché des changes peut-être dangereux
Si ces investissements ne sont pas illégaux, l’AMF et l’ACPR mettent cependant régulièrement en garde les particuliers contre les risques spécifiques attachés à ces produits. Par la mise en jeu d’effets de levier très importants, les investisseurs peuvent perdre non seulement la totalité des sommes investies, mais également beaucoup plus. Par ailleurs, certains intermédiaires proposant du trading Forex sur Internet ne sont pas agréés par les autorités françaises, voire même sont de purs escrocs, les sommes versées par les clients n’étant jamais investies sur le marché des changes. Dans ces deux derniers exemples, il est difficile de récupérer les fonds versés, les sites Internet hébergeurs étant souvent logés en dehors de France. Avant d’investir sur le Forex, assurez-vous que l’intermédiaire qui vous sollicite figure bien sur les listes des prestataires agréés habilités à fournir des services d’investissement en France. Vous pouvez consulter cette liste auprès de Regafi, le registre des agents financiers (https://www.regafi.fr). Si l’intermédiaire concerné n’y figure pas, évitez de répondre à ses sollicitations. Vous pouvez aussi poser des questions et vous renseigner auprès d’Épargne Info Service (plateforme de l’AMF) au 01 53 45 62 00 (prix d’un appel local).
Différents outils particulièrement dangereux
Les échanges de devises sur ce marché reposent sur des instruments financiers hautement spéculatifs.
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Les CFD (Contract for Difference), le « trader » gagne ou perd la différence entre le cours d’achat et le cours de vente du CFD ;
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Les options binaires, avec 2 résultats possibles : si le trader a bien anticipé l’évolution, il perçoit un gain déterminé à l’avance (par exemple 75 euros pour une mise de 100 euros) ; à l’inverse, s’il se trompe, il perd sa mise de départ (100 euros dans notre exemple). L’AMF a interdit la commercialisation, la distribution et la vente d’options binaires aux particuliers depuis juillet 2018 car ces supports sont extrêmement risqués ;
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Enfin, certains sites internet proposent d’intervenir réellement sur le Forex en achetant ou en vendant une devise ; on parle d’opérations de change à report tacite, ou « rolling spot forex ».
Ces outils permettent d’engranger des profits, mais aussi des pertes pouvant être supérieures aux sommes investies, par un effet dit « de levier ». Vous pariez sur un montant qui est un multiple de votre mise initiale. Ce multiple, ou levier, peut être de 50 par exemple mais il peut aller parfois jusqu’à 400. Il multiplie aussi bien les gains que les pertes en fonction de l’évolution du marché. Un exemple : vous investissez 100 euros, avec un effet de levier de 400, ce qui n’est pas rare. Si la valeur perd 10 %, c’est 4 000 euros que vous perdez. Beaucoup plus que les 100 euros investis au départ.
9 clients sur 10 perdent de l’argent sur les plateformes légales en ligne
L’AMF a publié en octobre 2014 une étude sur un échantillon de 15 000 investisseurs particuliers, clients de sites internet autorisés à proposer des investissements sur le Forex ou via des CFD (lien mot dico). Les résultats sont édifiants : de 2009 à 2012, 9 clients sur 10 ont perdu de l’argent sur le Forex et/ou via des CFD. Le montant moyen des pertes est estimé à 10 900 € par client.
Les opérations les plus courantes réalisées par les entreprises sur le marché des changes
Prenons l’exemple d’un importateur français qui a commandé des produits à son fournisseur américain. Le coût de cet achat est de 1 000 $ qu’il devra payer à réception de sa commande, dans trois mois. Deux possibilités s’offrent à lui :
1/ Il attend la livraison de ses produits pour acheter les 1000 $ qu’il doit virer aux USA. Dans ce cas, il prend le risque de change à son compte et soit le dollar aura baissé face à l’euro à l’issue des trois mois et il aura bien fait d’attendre puisqu’il fera un gain de change, soit le dollar aura monté face à l’euro et il subira une perte de change.
2/ Il ne souhaite pas prendre de risque à la hausse du dollar contre euro. Il réalise dans ce cas un achat à terme de ses 1 000 dollars contre euros. Notons qu’un achat à terme de dollars contre euros revient à dire la même chose qu’une vente à terme d’euros contre dollars. Supposons que le cours spot (celui d’aujourd’hui) est de 1 EUR = 1,30 USD (soit 1000 dollars = 769,23 euros). Supposons que le contrat à terme (forward) trois mois soit de 0.0005 point de base (les devises se cotent à 4 chiffres derrière la virgule), le taux d’achat des 1 000 $ contre EUR sera de 1.30 + 0.0005 soit 1.3005.
A l’échéance de trois mois, voici trois hypothèses de cours de l’EUR/USD :
Montant dû en $ |
Cours à échéance |
Montants en € |
1 000 |
1,3005 |
769 |
1 000 |
1,2200 (l’euro a baissé) |
820 |
1 000 |
1,4200 (l’euro a monté) |
704 |
Si l’EUR/USD baisse, il a bien fait de se couvrir à terme car s’il ne l’avait pas fait il aurait dû dépenser 820 € au lieu de 769 € pour la même quantité de dollars. Si l’euro est resté stable ou a monté, il subira un coût d’opportunité puisqu’il aurait pu dépenser moins d’euros pour acquérir ces 1 000 $.
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