Pour la troisième année consécutive, la Banque de France a publié le 20 juillet son « Enquête sur l’éducation financière du public en France ».
Menée du 20 mai au 5 juin 2020, l’enquête a été conduite par le cabinet Audirep auprès de 2 153 personnes âgées de 18 ans et plus.
Les résultats montrent principalement une maîtrise contrastée des principales notions financières et une assez forte exposition aux arnaques, le rapport rendement / risque restant une notion encore mal maitrisée. En outre, l’enquête révèle des différences de comportements assez sensibles entre hommes et femmes.
Une forte exposition aux arnaques
Les personnes interrogées placent la réception de mails ou SMS frauduleux, et les tentatives d’hameçonnage comme la première des difficultés financières rencontrées (26 %, devant les « difficultés de gestion bancaire », les « questions relatives aux prêts », les « difficultés de paiement », etc..). Ceci est à rapprocher du développement des arnaques financières fréquemment rappelé par l’AMF et de la difficulté des Français à se méfier des propositions trop alléchantes.
Mauvaise perception d’un taux de rendement suspicieux
Quand on les interroge sur le niveau à partir duquel une promesse de rendement, pour un placement sûr et liquide, est trop belle pour être vraie, 16 % des Français ne savent pas répondre et 31 % des personnes interrogées ne deviennent méfiantes qu’à partir d’une promesse de 5 % par an.
Or, il faut rappeler que ces taux sont clairement trop élevés aujourd’hui pour des placements sans risque. C’est ce que rappelle la Banque de France dans son communiqué de presse présentant l’enquête:
« Il n’existe pas de placement financier permettant à la fois la sécurité du capital, une grande disponibilité et un rendement élevé », appelant « les ménages et les entrepreneurs à la plus grande vigilance quand de telles propositions circulent sur internet et les réseaux sociaux ».
La référence d’un placement sans risque, ce peut être le livret A ou l’assurance vie en euros. Or, le premier ne rapporte que 0,5 % par an (net de tous frais et impôts), et l’assurance vie en euros pas plus de 1,5 % (avant impôt). Tout placement au-dessus de ces niveaux comporte nécessairement une part de risque.
De fortes différences entre les hommes et les femmes
Sur certains sujets un peu sensibles, les hommes et les femmes ont des attitudes très différentes.
Les hommes sont plus nombreux à se déclarer intéressés par l’actualité des sujets financiers (57 % contre 47 % des femmes). De même si en moyenne 20 % des répondants considèrent avoir une connaissance élevée sur les questions financières, seules 14 % femmes s’autoproclament d’un bon niveau contre 26 % des hommes.
Le croisement entre l’intérêt envers l’actualité financière et l’affirmation des connaissances permet de dégager des profils d’experts (qui ont une connaissance et un intérêt élevé) et d’éloignés (qui ont une connaissance et un intérêt faible). Les hommes sont majoritaires chez les « experts » et les femmes plus nombreuses chez les « éloignés ».
Sur les questions de connaissances, les femmes donnent également moins souvent les bonnes réponses : c’est vrai par exemple sur l’inflation et sur la maîtrise des taux d’intérêt.
Sans doute ne faut-il y voir que le reflet d’une répartition traditionnelle des rôles entre hommes et femmes où ces dernières s’occupent davantage de l’argent au quotidien et les hommes des placements. Enfin, quand il est question de déclarations sur leur niveau, les femmes ont tendance à se sous-estimer alors qu’au contraire, les hommes sont très (trop ?) confiants dans leurs capacités.
Une faible connaissance de l’Offre Bancaire Spécifique
Seule une personne interrogée sur cinq (21 %) connait l’offre bancaire spécifique. Près de 60 % ne savent pas ce que c’est. 7 % pensent même qu’il s’agit d’une offre dédiée aux créateurs d’entreprise.
L’offre spécifique (OCF) est destinée aux personnes en situation de fragilité financière ou faisant l’objet d’une mesure de surendettement ou d’interdiction d’émettre des chèques.
Elle est facturée 3 € par mois au maximum, et comprend dix services bancaires de base et un plafonnement des commissions d’intervention à 4 €/ opération et 20 €/mois.