Depuis 1986, l’Insee réalise, tous les six ans, une étude relative aux comportements patrimoniaux des Français : «L’enquête Patrimoine».
Les résultats de l’étude 2010, commencent à être disponibles. Ces chiffres sont d’autant plus intéressants qu’ils concernent la période 2004 – 2010 au cours de laquelle la crise financière de 2008 – 2009 a pu affecter les comportements d’épargne.
Dans son bulletin n° 185 (3ème trimestre 2011), la Banque de France vient de publier une première étude comparative des enquêtes « Patrimoine » de 2004 et 2010. Elle fournit des indications intéressantes sur les principales évolutions de l’attitude des épargnants dans le contexte de la crise.
Quelques chiffres clés
Les Français se caractérisent par un taux d’épargne brut parmi les plus élevés en Europe. En 2009, le taux d’épargne des Français s’élève à 16,5 % alors que pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne il se chiffre à 13,2 %.
Le montant des placements financiers des ménages est évalué par la Comptabilité Nationale et s’élève à plus de 2 900 milliards d’euros fin 2009 soit 1,4 fois plus qu’en 2004.
En 2009, 91,9 % des ménages détiennent au moins un produit d’épargne financière contre 91,2 % en 2004.
Les principaux produits détenus par les ménages (livrets d’épargne, contrats d’assurance-vie et produits d’épargne retraite) continuent d’être très prisés. Ils connaissent des augmentations en valeur et en volume.
En revanche, la détention de titres financiers se concentre sur de moins en moins de ménages (24,3 % en 2009-2010 au lieu de 28,3 % en 2003-2004).
Les auteurs relèvent cinq évolutions principales
Le renouveau du livret A et autres livrets
Le livret d’épargne constitue la forme d’épargne privilégiée des Français (85 % des ménages possèdent un livret d’épargne en 2009) avec une préférence pour le livret A. Les sommes déposées sur le livret A ont fortement progressé depuis la généralisation de ce livret à toutes les banques et s’élèvent à 173,8 milliards d’euros en 2010.
En revanche, les produits d’épargne-logement (plan ou compte) ne séduisent plus les Français. Le nombre de ménages qui en possèdent diminue et le montant des sommes déposées également (en 2004, 33,6 % des ménages détiennent un PEL contre 22,5 % en 2010).
L’essor de l’assurance-vie
On constate que l’engouement pour les contrats d’assurance-vie tant en volume qu’en valeur ne s’est pas démenti.
En 2010, 34,9 % des ménages possèdent un contrat d’assurance-vie contre 26,6 % en 2004.
L’ensemble des contrats assurance-vie, assurance décès représentent en 2010 1 063,8 milliards d’euros.
Les Français restent attirés par un produit qui conserve une fiscalité souvent attractive et qui peut répondre à une grande variété d’objectifs pour les épargnants.
Une détention moins fréquente de titres financiers par les ménages
Les titres financiers n’attirent plus les Français. Cette désaffection s’explique par la forte baisse des cours boursiers de 2007 à 2008, quelques années seulement après l’éclatement de la bulle internet au début des années 2000.
On constate également une forte concentration de ces produits. En 2010, 24,3 % des ménages détiennent des titres financiers pour un montant de 972,9 milliards d’euros, alors qu’en 2004, 28,3 % des ménages français en détenaient pour 759,7 milliards d’euros.
De nombreux facteurs expliquent les disparités dans la détention du logement principal
L’acquisition d’un logement principal demeure le projet patrimonial principal des Français. Cette acquisition est fortement influencée par les ressources du ménage et par le moment de la vie.
Plus on est riche, plus on possède d’actifs immobiliers. Les propriétaires d’un logement principal sont de plus en plus nombreux au fur et à mesure qu’ils avancent en âge. De plus, la détention d’un logement principal est fortement corrélée à la réception d’un héritage ou d’une donation. La composition du ménage, elle aussi, est un facteur déterminant. Les couples (avec ou sans enfant) sont plus souvent propriétaires de leur logement.
La situation géographique est également facteur de disparité. Elle influence la taille et la disponibilité du parc immobilier et au final, détermine les prix de l’immobilier.
L’aversion pour le risque accentuée par une perception des risques amplifiée.
Pendant la crise, les ménages ont ressenti de plus en plus une aversion pour le risque (63,6 % en 2010 contre 58,3 % en 2004). On constate des différences liées au sexe, au niveau des revenus, à l’âge et à l’histoire familiale.
Une crainte plus forte du chômage
La crise a rendu les ménages plus pessimistes, par rapport à leurs anticipations en matière de chômage. Cette crainte est d’autant plus forte pour les non diplômés, les jeunes et les catégories sociales telles que les ouvriers ou employés.
Les ménages ont également le sentiment que leurs revenus futurs seront plus aléatoires.
Les ménages jeunes et modestes accèdent plus difficilement à l’endettement immobilier. La crise, combinée aux évolutions structurelles de vieillissement de la population a fortement impacté le comportement d’achat des jeunes ménages (moins de 30 ans). De la même façon, ce sont surtout les ménages modestes (manœuvres, ouvriers qualifiés) qui sont le moins présents sur le marché immobilier.
En savoir plus sur l’étude de la Banque de France Bulletin n° 185 du 3ème trimestre 2011