La délicate situation économique du Liban
Les indicateurs économiques du pays sont tous dans le rouge. La croissance est à l’arrêt depuis 2017, et le FMI ne prévoit que 0,2 % de croissance cette année. L’inflation, quoiqu’en ralentissement, avait été de 6 % en 2018 et devrait se situer autour de 3 % en 2019 et 2020.
Les finances publiques reflètent une situation encore pire : le déficit public est de 10 % du PIB et la dette publique de 155 % du PIB. A titre de comparaison, le déficit français est légèrement supérieur à 3 % du PIB et la dette de 100 % du PIB.
Le déficit courant est encore plus abyssal, à 25 % du PIB (0,5 % du PIB en France). En conséquence d’un déficit courant gigantesque, la dette extérieure du pays dépasse 200 % du PIB (20 % du PIB en France).
Le solde courant représente le solde commercial (exportations moins importations) augmenté du solde des échanges de services (tourisme par exemple) et des transferts de revenus (rapatriement de profits par exemple). Le solde courant est un flux annuel. S’il est déficitaire, il doit être financé par des capitaux extérieurs, ce qui augmente la dette externe nette du pays (ce qu’un pays doit au reste du monde moins ce qu’il possède dans le reste du monde).
Quelles perspectives pour l’économie libanaise ?
Le Liban souffre de profondes difficultés économiques et politiques qui rendent peu probable une amélioration de la situation à court terme. Une hausse du pouvoir d’achat qui pourrait calmer le ressentiment de la population semble donc difficilement envisageable.
Depuis 1980, le PIB par habitant du pays (calculé à prix constants en dollars et en parité de pouvoir d’achat) a stagné. Cela s’explique par la guerre civile libanaise qui, dans les années 1980, a fait fuir les investisseurs et une partie des travailleurs les plus qualifiés.
Depuis, le Liban ne s’est jamais vraiment remis de cette guerre (1975 – 1990) et la situation reste tendue, tant au niveau régional (relation avec Israël, guerre en Syrie…) qu’intérieur (divisions ethnique et religieuse notamment).
De plus, le pays souffre de la corruption et de la faiblesse de l’administration, comme l’a par exemple montré la « crise des ordures » de 2015. Dans le classement « Doing Business » de la Banque Mondiale, qui évalue la facilité à faire des affaires dans un pays, le Liban ne se classe qu’à la 143ème place mondiale. Dans ce contexte, il est peu probable que les entreprises investissent au Liban de façon à relancer la croissance et les exportations.
L’exploitation gazière dans des gisements offshores est une source d’espoir pour l’économie libanaise. Si la taille des gisements est incertaine, le gaz pourrait, dans les années à venir, réduire le déficit commercial et permettre de financer les dépenses de l’Etat.