Georges Ugeux est un financier. Il é a été Vice Président international de la Bourse de New York, candidat malheureux à la présidence de l’ex Fortis belge. Il est aujourd’hui président d’une petite banque d’affaires à New York, Galileo Global Adviser et il est bloggeur sur le site du Monde (Démystifier la finance). Mais ce financier est en colère contre la finance. Comme le dit clairement le titre de son livre, sa thèse est que la trahison de la finance est la cause principale et la question centrale de la crise actuelle. Selon lui, le métier de financier est un métier de service au sens plein du terme. Il est d’être au service des clients et au service de l’économie. Or la finance s’est servie au lieu de servir. Les financiers ont géré l’argent des banques comme celui de fonds spéculatifs dans le but de maximiser leurs rémunérations et leurs profits. Ils ont trompé l’économie en transformant la finance en un vaste casino et en oubliant que sa raison d’être est de faciliter le financement des entreprises et de permettre aux ménages d’emprunter.
Douze travaux d’Hercule
Partant de ce diagnostic, Georges Ugeux ne propose pas d’en finir avec la finance (elle reste indispensable) mais de la ramener dans le droit chemin, c’est-à-dire de la remettre au service de ceux qui l’utilisent et de l’économie en général. La société doit retrouver la confiance perdue dans la finance sans laquelle elle ne peut fonctionner correctement. Or, comme on le sait, la confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Pour cela, douze réformes doivent selon lui être menées à bien qui s’apparentent aux douze travaux d’Hercule. Georges Ugeux en expose les principes, les grandes lignes et parfois les dispositions concrètes de façon claire, simple et pédagogiques. Il considère du reste que la finance doit sortir de l’opacité et être compréhensible par chacun. A chaque chantier son chapitre depuis le système de rémunérations jusqu’à la prise en compte de la dimension mondiale de la finance en passant par la gouvernance et les pouvoirs des conseils d’administration, la réforme des autorités de contrôle ou l’encadrement de l’innovation financière, des agences de notation et des hedge funds. Selon Georges Ugeux il est notamment impératif que ce genre d’activité soit placé à l’extérieur des banques et non pas en interne comme continuent de la faire les banques européennes.
Alors que les réformes de la finance continuent d’être débattues et mises en œuvre en Europe, aux USA et dans les instances internationales, le lecteur trouvera dans ce livre des repères utiles pour mieux en comprendre les enjeux.
Il faut souligner que parmi les réformes préconisées, Georges Ugeux met en bonne place l’éducation financière : « Une des leçons que je retire de mon expérience de blogueur, écrit-il, est la soif de comprendre les mécanismes financiers perçus comme mystérieux, manipulateurs et dangereux pour la situation matérielle de nos concitoyens… C’est à la racine qu’il faut prendre le problème : notre éducation de citoyens et de citoyennes dans les matières financières est déficiente, si elle existe ».
Georges Ugeux Odile Jacob Septembre 2010. 256 pages, 21,90 €
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