Pourquoi parle-t-on de crise au Royaume-Uni ?
Depuis une semaine, le Royaume-Uni traverse une période de panique financière. Celle-ci se traduit, d’une part, par la chute de la valeur de la livre et, d’autre part, par la détérioration rapide des conditions de financement de l’État.
La livre sterling a tout d’abord perdu près de 20 % de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l’année 2022. La chute de la livre s’est accélérée cet été : la devise britannique a, en effet, perdu près de 12 % de sa valeur depuis début août.
Il faut noter que le dollar s’est apprécié par rapport à la plupart des devises mondiales. La baisse de la livre, plus prononcée que celle d’autres monnaies comme l’euro, incite, toutefois, à rechercher des facteurs d’explications propres au Royaume-Uni.
Dans le même temps, les conditions de financement du Royaume-Uni se sont fortement dégradées au cours des dernières semaines. Le 27 septembre, le taux d’intérêt exigé sur les obligations publiques a en effet atteint 4,5 %. Cela représente une augmentation de près de 110 % depuis le 1er juin.
Comment peut-on expliquer la crise au Royaume-Uni ?
À l’instar de plusieurs autres économies avancées, le Royaume-Uni est confronté à plusieurs déséquilibres depuis début 2022 : risque de récession, forte inflation, etc.
L’inflation a atteint 9,9 % en rythme annuel au Royaume-Uni en août 2022.
Le Royaume-Uni s’est, toutefois, enfoncé dans la crise vendredi 23 septembre. La cause : la présentation de mesures budgétaires par Liz Truss, Première ministre nommée au début du mois. Celle-ci a notamment annoncé de nouvelles diminutions d’impôt. Jugée non crédible par les marchés financiers dans le contexte actuel, cette politique a provoqué la chute de la livre et une nouvelle dégradation des conditions de financement public.
Une crainte liée à ces diminutions d’impôt, exprimée par exemple par le Fonds monétaire international (FMI), est que celles-ci alimentent encore davantage l’inflation et dégradent le contexte macroéconomique. Le FMI s’inquiète notamment du fait que les baisses d’impôts annoncées ne sont pas ciblées et concernent largement les ménages disposant de hauts revenus. De manière concrète, cette méfiance se traduit par le fait que les acteurs financiers se détournent d’actifs libellés en livre sterling (notamment les obligations publiques), ce qui contribue à la dépréciation de la livre et à la baisse du cours de ces actifs.
La baisse de la valeur de la livre sterling alimente l’inflation. Elle provoque, en effet, le renchérissement des biens importés, notamment de l’énergie et d’une large part des produits alimentaires.
Quelles mesures la Banque d’Angleterre a-t-elle prises ?
Dans ce contexte de crise, la Banque d’Angleterre a été contrainte d’agir en urgence mercredi 28 septembre. Afin d’apaiser les marchés financiers, la banque centrale du Royaume-Uni a notamment annoncé qu’elle interviendrait « autant qu’il sera nécessaire » en achetant des obligations britanniques. Cela a notamment pour but de contrer la dégradation des conditions de financement du Royaume-Uni, en soutenant le cours des titres publics. Il est pour le moment prévu que ces achats de titres s’arrêtent le 14 octobre prochain.
Ces achats de titres par la Banque d’Angleterre s’inscrivent dans le cadre de la politique monétaire non conventionnelle.