La croissance mondiale freinée par les politiques de lutte contre l’inflation
Selon les projections actualisées de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la croissance mondiale devrait atteindre 3 % en 2023 et 2,7 % en 2024, en légère diminution donc par rapport à l’année 2022 : le produit intérieur brut (PIB) réel avait alors progressé de 3,3 % à l’échelle mondiale. Le durcissement des politiques monétaires opéré par la plupart des grandes banques centrales est, selon l’OCDE, la principale cause de cette diminution attendue de la croissance. Cette politique est amenée à se poursuivre, dans la mesure où l’inflation devrait rester à des niveaux sensiblement plus élevés que les objectifs des banques centrales : l’OCDE anticipe, en effet, une inflation de 6 % en 2023 et de 4,8 % en 2024 en moyenne dans les pays composant le G20.
Ce chiffre d’une croissance économique de 3 % est une moyenne et cache des disparités géographiques, parfois fortes. Ainsi, l’OCDE prévoit que la croissance atteindra 2,2 % aux États-Unis, tandis qu’elle ne sera « que » de 0,3 % au Royaume-Uni et de 0,6 % en zone euro (avec notamment -0,2 % en Allemagne et +1 % en France). La plus forte croissance devrait, comme l’année dernière, être observée en Inde, où l’OCDE anticipe une progression de l’activité économique de 6,3 %. La Russie devrait, quant à elle, renouer avec une croissance positive, après une année 2022 marquée par la baisse de son PIB réel de 2 %, consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine. Le PIB réel devrait, enfin, reculer de 2 % en Argentine, nation engluée dans une inflation particulièrement élevée (+ 118,6 % anticipé par l’OCDE pour l’année 2023).
L’économie chinoise, source d’inquiétudes
Outre la persistance de l’inflation et la baisse de confiance des consommateurs, l’OCDE place l’évolution de la conjoncture en Chine parmi les principaux risques pour l’économie mondiale. L’organisation située à Paris a, d’une part, revu ses prévisions de croissance chinoise à la baisse avec 5,1 et 4,6 % respectivement en 2023 et 2024, contre 5,4 % et 5,1 % anticipés dans les projections de juin dernier. Compte tenu du poids de l’économie chinoise dans le PIB mondial, un tel ralentissement devrait avoir des effets négatifs sur l’économie mondiale. L’OCDE a, d’autre part, pointé les risques liés à l’endettement élevé des promoteurs immobiliers chinois. Des défaillances ne sont pas à exclure, selon elle, sans que l’on puisse en apprécier aujourd’hui toutes les conséquences.
Quelles évolutions macroéconomiques pour l’économie française ?
Les prévisionnistes de la Banque de France ont également, au cours de la semaine dernière, publié des projections macroéconomiques révisées. Centrés sur l’économie française, ils estiment la croissance économique en France à 0,9 % en 2023 et en 2024 et à 1,3 % en 2025. Une croissance relativement faible donc… mais positive, signe que l’économie française devrait sortir de la période d’inflation élevée en évitant la récession. Selon les projections macroéconomiques de la Banque de France, le taux d’inflation passerait, en effet, de 5,8 % en 2023 à 2,6 % en 2024 et 1,8 % en 2025.
Le rebond récent de l’inflation en France apparaît ainsi comme une pause dans le processus de désinflation, entamé en France au printemps dernier.
Cette faiblesse de la croissance économique devrait toutefois avoir des conséquences négatives sur le marché du travail. La Banque de France anticipe en effet une remontée du chômage d’ici 2025. Actuellement égal à 7,2 %, le taux de chômage atteindrait ainsi 7,5 % en 2024 et 7,8 % en 2025.