L’économie sud-africaine en quelques données
Après avoir remporté ses confrontations contre la Nouvelle-Zélande, l’Uruguay, la Namibie et l’Italie en phase de poules de la Coupe du monde de rugby 2023, l’équipe de France affronte l’Afrique du Sud, tenante du titre, dimanche 15 octobre. C’est l’occasion pour nous de nous intéresser à l’économie de ce pays de près de 60 millions d’habitants pour environ 1 219 912 km2.
Avec un produit intérieur brut (PIB) de 405,9 milliards de dollars en 2022, l’Afrique du Sud est l’un des pays africains créant le plus de richesses. Seuls le Nigeria et l’Égypte font mieux, avec un PIB de respectivement 477,4 et 476,7 milliards de dollars. Rapporté à la population, le PIB de l’Afrique du Sud est 6 018,5 dollars par habitant. Il s’agit d’un niveau comparable par exemple au Paraguay et à la Bosnie-Herzégovine.
L’Afrique du Sud génère, à elle seule, près de 20 % du PIB de l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne.
Selon la classification du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Afrique du Sud dispose d’un niveau « élevé de développement humain ». Avec un indice de développement humain (IDH) de 0,713, elle se situe au 109e rang mondial. Comme la Namibie, l’Afrique du Sud pâtit, par rapport aux pays disposant d’un niveau de développement similaire, d’une faible espérance de vie à la naissance : 62,3 années. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette situation s’explique principalement par la prévalence de la tuberculose et du VIH. Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH (ONUSIDA) estime, en effet, à 45 000 le nombre de morts imputables chaque année au sida. Par ailleurs, le taux de prévalence du VIH atteint, en Afrique du Sud, près de 17,8 % !
L’activité économique de l’Afrique du Sud en berne
Si l’Afrique du Sud a retrouvé des taux de croissance positifs après 2020, année marquée par une grave récession provoquée par l’irruption de la pandémie de Covid-19, ceux-ci demeurent relativement faibles. Selon les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le PIB sud-africain devrait progresser, en termes réels, de 0,1 % en 2023, puis dans une fourchette comprise entre 1,4 et 1,8 % entre 2024 et 2028.
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer l’atonie de la croissance économique en Afrique du Sud. Le pays souffre, tout d’abord, d’une grave crise énergétique. En raison des défaillances d’Eskom, l’entreprise publique d’électricité, accusée de mauvaise gestion et de corruption, l’Afrique du Sud connaît des coupures de courant pouvant aller jusqu’à 12 heures par jour ! La situation est si grave que le gouvernement sud-africain a temporairement décrété l’état de catastrophe nationale au début de l’année 2023.
Brève histoire de l’électricité en Afrique du Sud
Historiquement, l’Afrique du Sud se situe parmi les pays précurseurs en matière d’utilisation et de production d’électricité. Connue pour sa mine de diamants, la ville de Kimberley devient, en 1882, la première ville d’Afrique à éclairer ses rues grâce à de l’électricité. Il faudra, à titre d’illustration, attendre la décennie suivante pour que l’éclairage électrique public fasse son apparition à Londres. Dès les années 1940, l’Afrique du Sud dispose, en outre, de plusieurs centrales électriques. Alimentées par le charbon, abondant dans la région, elles génèrent l’énergie nécessaire à l’extraction des ressources minières de l’Afrique du Sud : or, diamants, etc.
Un tournant s’opère au milieu des années 1990. Alors que seuls les Blancs avaient accès à l’électricité, l’élection de Nelson Mandela en 1994 ouvre la voie à une électrification de l’ensemble des foyers sud-africains. Eskom n’investit alors que faiblement pour répondre à cette forte augmentation de la demande. Le résultat est aujourd’hui connu : alors que les centrales électriques sont vieillissantes – elles ont, pour la plupart, été construites il y a plus de 45 ans –, elles tombent régulièrement en panne et ne peuvent faire face à la demande d’électricité du pays.
Ensuite, à l’instar de la politique menée par de nombreuses banques centrales dans le monde, la Banque centrale sud-africaine a procédé à une remontée progressive des taux d’intérêt depuis l’été 2021 afin de lutter contre l’inflation. Couplé à un chômage particulièrement – le taux de chômage atteint 32,6 % –, ce durcissement de la politique monétaire pèse négativement sur la demande intérieure, en décourageant la consommation et l’investissement.
Après avoir dépassé la barre des 8 % au début de l’année 2022, le taux d’inflation est actuellement de 4,7 % en Afrique du Sud.