L’État bénéficie-t-il nécessairement des hausses des cours du pétrole ?

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Question

La fiscalité a un poids important dans le prix des carburants. L’État n’est-il donc pas le grand gagnant de la hausse des cours du pétrole ? Autrement dit, le déficit public ne devrait-il pas nécessairement se réduire en cas de renchérissement du pétrole ?
Par Robert

Réponse

La hausse des cours du pétrole et donc des prix des carburants, comme celle que nous connaissons depuis le début de l’année 2021 constitue, à première vue, une aubaine pour les finances publiques. En effet, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) – toutes deux proportionnelles au prix de vente – pèsent pour environ 60 % dans les prix des carburants. Ainsi, lorsque ces derniers augmentent, les recettes fiscales provenant de la TVA et de la TICPE augmentent. Le carburant est, en outre, un bien peu substituable à court terme : en cas de hausses des prix à la pompe, il est difficile pour les ménages de diminuer leur consommation.

Ce qui est vrai pour le marché du pétrole et des carburants ne l’est, toutefois, pas nécessairement à l’échelle de l’ensemble de l’économie. Pour étudier l’impact d’une hausse des cours du pétrole sur les recettes fiscales, il convient également de prendre en compte les effets indirects qu’elle provoque, comme l’augmentation des coûts de production ou la baisse de l’investissement des entreprises. Une hausse des cours du pétrole a, en effet, un impact négatif sur l’ensemble de l’activité économique, en France comme à l’étranger.
Or, un ralentissement de la croissance économique a tendance à dégrader les finances publiques.

Quel est l’effet final d’une hausse des cours du pétrole sur les finances publiques ? Mésange, le modèle macroéconométrique de l’économie française développé par l’INSEE et la DG Trésor, permet de répondre à cette question.
Simulant une hausse permanente de 20 % du prix du baril de pétrole, C. Klein et O. Simon estiment qu’à long terme le déficit primaire de l’État, c’est-à-dire hors paiement des intérêts, se creusera de 0,29 point de PIB (par rapport à une situation sans renchérissement du pétrole). Ainsi, il est possible de conclure que les finances publiques ne bénéficient pas d’une hausse des cours du pétrole.

l’impact d’une hausse des cours du pétrole sur l'économie

    4 commentaires sur “L’État bénéficie-t-il nécessairement des hausses des cours du pétrole ?”
    1. Bonjour
      J’ai lu votre article avec beaucoup d’attentions et j’aimerais avoir un petit eclaircissement !
      En effet, si le prix du petrole augmente, les recettes fiscales provenant de ce secteur augmenteront egalement on est d’accord. Mais pour les autres secteurs, les entreprises qui y evoluent ne resteront surement pas indifferentes et ces dernieres peuvent egalement augmenter leurs prix pour maintenir leur marge beneficiaire suite à l’augementation de leurs couts. En consequence, nous pensons que à moyen terme ; les recettes fiscales vont augmenter avec les mouvements de prix dans tous les secteurs, qu’en pensez-vous ?

      1. Bonjour,
        Ce mécanisme est effectivement possible. Dans le même temps, il est fort probable qu’une augmentation des coûts de production provoquera un ralentissement de la croissance économique, voire une récession, ce qui n’est pas favorable aux finances publiques. Pour démêler tous ces effets, l’étude que nous citons ci-dessus mène une simulation réalisée sur l’économie dans sa globalité. Selon celle-ci, c’est ce deuxième effet qui domine.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. des economistes de renoms disent que depuis le debut des augmentations du prix a la pompe l etat a encaisse plus de 55 milliards en plus grace aux taxes !!!!!alors de grace arretez de nous prendre pour des idiots !!!!!

      1. Bonjour,
        L’Etat encaisse effectivement davantage de recettes fiscales lorsque le prix de l’essence augmente : la fiscalité représente environ 60 % des prix à la pompe. Lorsque ces derniers augmentent, les recettes de l’Etat suivent. Il n’y a pas de contestation possible sur ce point. Nous voulions, toutefois, mettre en évidence dans cet article le fait que l’augmentation des prix à l’essence a également des conséquences négatives et indirectes pour l’Etat : elle tend à ralentir l’activité économique et avec elle, les autres recettes fiscales.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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