Retour sur ces évènements avec une sélection de dix faits d’actualité de l’année écoulée.
La persistance du retour de l’inflation
L’année 2022 a apporté un démenti aux observateurs qui considéraient, en 2021, que le retour de l’inflation n’était qu’un phénomène transitoire.
Nous avons, en effet, assisté à un regain d’inflation au cours de l’année écoulée, que ce soit aux États-Unis ou en Europe. Selon des estimations encore provisoires, l’inflation devrait ainsi atteindre en rythme annuel 5,9 % en France et 7 % de l’autre côté de l’Atlantique. L’inflation moyenne en zone euro devrait, quant à elle, se situer aux alentours des 10 %.
Cette inflation élevée s’explique par plusieurs facteurs : la reprise économique post-Covid, les perturbations qu’ont subi les chaînes de valeur à l’échelle mondiale, la guerre en Ukraine, etc. Elle a déjà de nombreuses conséquences. La première d’entre elles est de peser fortement sur le pouvoir d’achat des ménages.
L’adaptation des politiques monétaires
Face à ce regain d’inflation, les Banques centrales de la plupart des pays avancés – la Réserve Fédérale aux États-Unis, la Banque centrale européenne (BCE) pour la zone euro, la Banque d’Angleterre, etc. – ont durci progressivement leurs politiques monétaires.
Elles ont, d’une part, procédé à l’augmentation successive de leurs taux d’intérêt directeurs et, d’autre part, cessé certains programmes d’achats de titres, un processus parfois appelé « quantitative tightening » (QT).
Le Japon constitue une exception remarquable dans ce paysage : la Banque centrale continue à mener une politique monétaire accommodante afin de stimuler l’inflation, toujours située à un niveau particulièrement bas.
Au sein de la zone euro, ce durcissement de la politique monétaire s’est heurté au risque de fragmentation, à savoir une divergence des conditions de financement non expliquée par les fondamentaux de l’économie. Au cours de l’été, le spread italien, mesurant l’écart entre le rendement actuariel de l’obligation à 10 ans émise par l’État italien et celui de l’obligation à 10 ans de l’État allemand, a ainsi sensiblement augmenté.
En réaction, la BCE a présenté, en juillet, un nouvel instrument destiné à limiter ce risque de fragmentation : le Transmission Protection Instrument (TPI). Avec un tel outil, la BCE peut, dans certains cas, acquérir des titres financiers afin d’améliorer les conditions de financement des États en difficulté.
La guerre en Ukraine et ses conséquences économiques
La guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe le 24 février est sans doute l’évènement géopolitique le plus marquant de l’année 2022. La guerre en Ukraine a nombreuses répercussions sur le plan économique.
Tout d’abord, elle participe au regain d’inflation constatée dans la plupart des pays avancés en provoquant une augmentation des prix de l’énergie et notamment du gaz naturel. Dans ce contexte, l’opportunité de se passer du gaz russe a donné lieu à de nombreux débats.
Ensuite, la guerre en Ukraine pèse sur la croissance économique, parce que, outre qu’elle entraîne une augmentation des prix de l’énergie, elle génère de nouvelles incertitudes et réduit la demande extérieure.
Une croissance économique moins forte qu’espérée en France
En 2021, la croissance économique avait atteint 6,9 %. Cette performance exceptionnelle, en grande partie liée à un phénomène de rattrapage après la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 en 2020, ne s’est pas reproduite en 2022. Plus grave : l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) devrait être sensiblement moins élevée que les premières prévisions ne le laissaient espérer. Selon le dernier point de conjoncture publié par l’INSEE le 15 décembre, la croissance économique devrait atteindre 2,5 % en 2022, soit plus d’un point de pourcentage de moins que prévu. Cela s’explique en particulier par le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’activité économique a d’ailleurs stagné au premier trimestre, avant de rebondir au deuxième trimestre 2022.
Le chômage à un niveau faible en France
Malgré des performances économiques moins bonnes qu’espéré, le taux de chômage a poursuivi sa baisse en France au cours de l’année 2022. Selon les données de l’INSEE, il atteint en effet 7,1 % au troisième trimestre 2022 – les données pour le quatrième trimestre ne sont pas encore connues –, contre 7,8 % il y a un an. Il s’agit du plus bas niveau de chômage depuis le premier trimestre 2008. L’amélioration la plus marquée concerne le chômage des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans a, en effet, égalé au cours de l’année le niveau qui était le sien au début des années 1980.
La définition du chômage ici utilisée correspond à celle du Bureau International du Travail (BIT) : il ne faut pas confondre ces statistiques avec celles des demandeurs d’emploi établies par Pôle Emploi.
L’anniversaire et l’élargissement de la zone euro
L’euro a fêté ses 20 ans en 2022 : c’est en effet le 1er janvier 2002 que les pièces et billets libellés en euro ont commencé à circuler au sein des 11 pays alors membres de la zone euro. La monnaie unique possède déjà une histoire mouvementée, marquée notamment par une grave crise – la crise des dettes publiques – déclenchée au début de la décennie 2010. La création de l’euro a, en outre, déçu, dans la mesure où elle n’a pas permis de réaliser les espoirs placés en elle en matière d’intégration et convergence économiques. En juillet 2022, le Conseil de l’Union européenne a décidé, pour la première fois depuis 2015, d’accueillir un nouveau membre au sein de la zone euro : la Croatie.
La zone euro compte 20 membres depuis l’adhésion de la Croatie, effective depuis le 1er janvier 2023.
Les multiples crises au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, de multiples crises ont émaillé l’année 2022. Au cours de cette véritable annus horribilis, la monarchie a, en effet, été confrontée tour à tour à :
– un contexte économique dégradé, marqué notamment par une forte inflation, une activité économique ralentie et un recul du pouvoir d’achat des ménages.
– des bouleversements politiques avec la mort d’Élisabeth II et l’accession au trône de Charles III d’une part, et avec une succession de Premiers ministres, d’autre part.
– une panique financière l’espace de quelques jours fin septembre. Caractérisée par la chute des cours de la livre sterling et des obligations d’État britanniques, elle s’est déclenchée à la suite de la présentation des premières mesures budgétaires envisagées par Liz Truss, l’éphémère Première ministre.
Le Sri Lanka et le Liban : deux pays en proie à une crise économique
À l’instar du Royaume-Uni, plusieurs pays ont été confrontés à une crise économique au cours de l’année 2022. Le Sri Lanka a ainsi traversé la crise la plus grave depuis son indépendance, obtenue en 1948.
Cette crise s’est notamment traduite par de nombreuses pénuries de biens de première nécessité, des coupures fréquentes d’électricité et une forte inflation et a provoqué des émeutes et la démission du président Gotabaya Rajapaksa. Fragilisé par la pandémie de Covid-19 et la forte chute de l’activité touristique qui s’ensuivit, le Sri Lanka a, en outre, été le premier pays à se déclarer en situation de défaut de paiement dès le mois d’avril.
Au Liban, les origines de la crise économique sont plus lointaines : elles remontent en effet à la fin de la décennie 2010. En 2022, le pays a signé un accord avec le FMI pour tenter de sortir de la crise. L’institution internationale a ainsi accordé un prêt de 3 milliards de dollars, en contrepartie de l’engagement du pays à entreprendre des réformes structurelles.
Le déclin des cryptomonnaies
Autre fait marquant de l’année 2022 : la chute des cours de la plupart des cryptomonnaies. Contrairement à ce qu’affirmaient certains de leurs partisans, les cryptomonnaies n’ont pas joué le rôle de valeur refuge et n’ont pas protégé leurs détenteurs contre le retour de l’inflation.
Pire encore : les expériences d’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle au Salvador et en République centrafricaine sont des échecs. Malgré les nombreuses incitations monétaires mises en œuvre, le Bitcoin n’y est finalement que peu utilisé comme moyen de paiement.
Le Bitcoin a perdu près de 64 % de sa valeur en 2022, passant de 46 218 dollars le 1er janvier à 16 564 dollars le 31 décembre.
Des évènements sportifs aux importants enjeux économiques
L’année 2022 a, enfin, été le théâtre de plusieurs évènements sportifs aux enjeux économiques importants. La Coupe du monde organisée au Qatar y figure au premier rang. Son coût, tant financier (près de 220 milliards de dollars) qu’humain et écologique, a été considérable.
Autres évènements sportifs majeurs de l’année 2022 : le tournoi de Roland-Garros, où les participants se sont partagé près de 43,6 millions d’euros au total, le Tour de France, dans sa version masculine ou, dans son édition féminine.
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